Il s'agit de la peine maximale prévue devant le tribunal correctionnel pour tentative d'assassinat contre des policiers, a précisé la représentante du parquet fédéral Kathleen Grosjean. "C'est une véritable scène de guerre à laquelle les policiers ont été confrontés. (...) C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu de mort" parmi eux, a-t-elle dit.
Un réquisitoire qui tombe quelques heures à peine après le début du procès. Il faut dire que Salah Abdeslam, seul suspect-clef des attentats de Paris en 2015 encore en vie, a à peine répondu aux questions de la justice lundi.
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Transféré dans la matinée depuis la prison de Fleury-Mérogis en région parisienne sous escorte policière, Salah Abdeslam, 28 ans, a tout d'abord exprimé dès le début de l'audience son refus de répondre aux questions. Puis il a pris plusieurs fois la parole très brièvement.
Procès suspendu jusqu'à jeudi
Une deuxième journée d'audience était initialement prévue pour mardi, mais elle a été annulée pour permettre à Me Sven Mary, l'avocat de Salah Abdeslam, de préparer sa plaidoirie, a annoncé la présidente du tribunal, Marie-France Keutgen.
Le procès qui devait s'étendre sur quatre jours jusqu'à vendredi - avec relâche le mercredi - pourrait se terminer dès jeudi.
L'accélération de la procédure s'explique en partie par le refus de Salah Abdeslam de répondre aux questions.
"Mon silence ne fait pas de moi un criminel"
"Je ne souhaite pas répondre, à aucune question", mais "mon silence ne fait pas de moi un criminel, c'est ma défense", a déclaré le prévenu, entouré de deux policiers encagoulés.
"Maintenant il y a des preuves dans cette affaire, des preuves tangibles, scientifiques, j'aimerais que ce soit sur ça qu'on se base et qu'on ne se base pas, qu'on n'agisse pas pour satisfaire l'opinion publique", a poursuivi Salah Abdeslam.
"C'est en mon Seigneur que je place ma confiance (...) Ce que je constate c'est que les musulmans sont jugés et traités de la pire des manières", a ajouté le Français d'origine marocaine. "Je n'ai pas peur de vous, je n'ai pas peur de vos alliés, de vos associés, je place ma confiance en Allah et c'est tout", a-t-il encore déclaré.
afp/jvia
Quatre mois de cavale
En fuite depuis le 13 novembre 2015, Salah Abdeslam avait été arrêté après quatre mois de cavale quand des enquêteurs français et belges avaient été surpris par des tirs pendant une perquisition de routine dans une des planques bruxelloises de la cellule djihadiste.
Trois policiers avaient été blessés et un djihadiste algérien de 35 ans tué en tentant de couvrir la fuite d'Abdeslam et d'un complice, un Tunisien de 24 ans qui est aussi jugé à Bruxelles.
Les deux prévenus sont jugés pour "tentative d'assassinat sur plusieurs policiers" et "port d'armes prohibées", le tout "dans un contexte terroriste", et encourent jusqu'à 40 ans de prison.
Impliqué dans au moins trois dossiers terroristes majeurs
Salah Abdeslam, un Français d'origine marocaine qui a grandi à Molenbeek, quartier populaire de Bruxelles où il s'est radicalisé, apparaît au coeur d'une cellule djihadiste impliquée dans au moins trois dossiers terroristes majeurs: les attentats de novembre 2015 à Paris (130 morts), ceux du 22 mars 2016 à Bruxelles (32 morts) et l'attaque avortée dans le train Thalys Amsterdam-Paris en août 2015, qui relèvent "peut-être d'une unique opération" de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI), estime le parquet fédéral belge.