Celui qui est surnommé "le logeur de Daech" était jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes". Ce délinquant multirécidiviste de 31 ans encourait six ans de prison au maximum pour avoir mis à disposition d'Abdelhamid Abaaoud, l'un des cerveaux présumés des attentats, et d'un de ses complices un squat où ils s'étaient repliés à Saint-Denis.
La présidente du tribunal a considéré qu'il n'avait été prouvé ni dans le dossier d'instruction, ni à l'audience, que Jawad B. savait qu'Abaaoud et son complice étaient des terroristes. Le logeur a levé les bras, tapé sur l'épaule de gendarmes et embrassé son avocat à l'annonce du jugement. Le parquet, qui avait requis quatre ans de prison, a fait appel de cette relaxe, mais la procédure n'est pas suspensive et ne remet pas en cause la sortie de prison dès mercredi du logeur.
Le tribunal a en outre condamné le cousin d'Abdelhamid Abaaoud à quatre ans d'emprisonnement, dont un avec sursis. Il était poursuivi pour non dénonciation de crime terroriste. Un autre homme jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes" a écopé de cinq ans de prison avec maintien en détention.
700 parties civiles
Cette décision conclut le premier procès en lien avec ces attaques perpétrées par trois commandos djihadistes, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis, au nord de la capitale, et traumatisé la France.
Ce procès retentissant avec quelque 700 parties civiles, plus de 100 avocats (mais seulement six pour la défense), a notamment été marqué par les rires déclenchés par les propos insolites de Jawad B. et par les larmes des victimes des attentats.
Jawad B. a toujours nié
Les terroristes étaient arrivés le 17 novembre au soir dans l'appartement où ils sont morts le lendemain tôt dans l'assaut des policiers.
Jawad B. avait été interpellé peu après, alors qu'il venait d'expliquer à des journalistes que l'assaut avait eu lieu chez lui. Par ses déclarations décalées, il était devenu la risée d'un pays sous le choc des attaques les plus meurtrières qu'ait connues la France.
Depuis le 18 novembre 2015, il nie avoir su que les deux hommes faisaient partie des commandos djihadistes. "Je ne savais pas que c'étaient des terroristes", a-t-il martelé lors de son procès qui a démarré le 24 janvier. "Même pour 150'000 euros, je n'aurais pas hébergé des terroristes".
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afp/boi