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Fratelli d'Italia, CasaPound, Forza Nuova: ces partis héritiers du fascisme

Au centre, le chef de Forza Nuova, Roberto Fiore, entouré de policiers, alors que des militants du mouvement néofasciste avaient manifesté sans autorisation le 8 février 2018 à Macerata. [ANSA/AP/KEYSTONE - Fabio Falcioni]
Au centre, le chef de Forza Nuova, Roberto Fiore, entouré de policiers, alors que des militants du mouvement néofasciste avaient manifesté sans autorisation le 8 février 2018 à Macerata. - [ANSA/AP/KEYSTONE - Fabio Falcioni]
Affrontements, intimidations contre les médias, débat sur l'immigration: les partis héritiers du fascisme bombent le torse à une semaine des élections législatives en Italie. Une manifestation antifasciste a lieu samedi à Rome.

Le climat se tend en Italie. Alors que la campagne des élections législatives, prévues le 4 mars, touche à sa fin, les incidents se multiplient. Depuis le début du mois de février et la fusillade raciste de Macerata, des affrontements mêlant militants antifascistes, extrémistes de droite et forces de l'ordre se sont produits à Palerme, Rome, Bologne, Pérouse ou encore Turin.

Sur le fond, le débat politique s'est lui aussi musclé, les partis se livrant à une surenchère de propositions pour freiner l'immigration, en forte augmentation dans le pays. Focus sur ces mouvements héritiers du fascisme, dont l'influence sur la vie politique italienne prend de l'ampleur.

FRATELLI D'ITALIA, LES "POSTFASCISTES" ALLIES DE BERLUSCONI

Fratelli d'Italia, qui tire son nom de l'hymne national italien, est le dernier héritier du Mouvement social italien (MSI), fondé par les rescapés du fascisme après le Seconde Guerre mondiale. Sa présidente, Giorgia Meloni a d'ailleurs fourbi ses armes dans les Jeunesses du mouvement dans les années 1990.

Aujourd'hui, Fratelli d'Italia, qui arbore la flamme tricolore emblématique du MSI, se qualifie de "postfasciste". "S'il existe toujours des traces du passé fasciste, le parti s'inscrit dans une trajectoire de déradicalisation", souligne Hervé Rayner, professeur de sciences politiques à l'Université de Lausanne. Ce spécialiste de l'Italie contemporaine note que Fratelli d'Italia a conservé les mêmes "points d'ancrage" électoraux que le MSI, à l'image du Latium, de la Calabre et de la Sicile.

Giorgia Meloni, présidente de Fratelli d'Italia, lors d'un meeting à Rome le 18 février 2018. [EPA/KEYSTONE - ANGELO CARCONI]
Giorgia Meloni, présidente de Fratelli d'Italia, lors d'un meeting à Rome le 18 février 2018. [EPA/KEYSTONE - ANGELO CARCONI]

"C'est un parti qui met en avant la souveraineté et l'identité nationale", relève de son côté Roberto D'Alimonte, directeur du Centre italien d'études électorales (Cise). Fratelli d'Italia est l'une des trois composantes de l'alliance du "centre-droit" italien avec la Ligue – à laquelle on a retranché "du Nord" – et Forza Italia de l'éternel revenant Silvio Berlusconi. Fratelli d'Italia a d'ailleurs contribué au retour sur le devant de la scène de l'ancien président du Conseil en participant à la coalition victorieuse aux élections régionales en Sicile en novembre 2017.

Selon les ultimes sondages, Fratelli d'Italia, qui avait obtenu 1,96% aux législatives de 2013, pourrait doubler son score le 4 mars et permettre ainsi à la coalition de droite d'obtenir la majorité absolue au Parlement.

CASAPOUND, UN PIED AU PARLEMENT AVEC LA LIGUE

C'était le 8 février. A l'invitation d'un parlementaire de la Ligue, Simone di Stefano, l'un des fondateurs du groupe néofasciste CasaPound, a tenu une conférence de presse et présenté son programme dans l'enceinte même de la Chambre des députés. La semaine dernière, il participait à son premier débat télévisé sur la RAI. Simone di Stefano a promis de renvoyer en Afrique par charters des centaines de milliers de clandestins.

"Historiquement, l'immigration n'était pas un thème discuté dans les campagnes électorales, alors qu'aujourd'hui il est devenu prépondérant", observe Roberto D'Alimonte. Silvio Berlusconi a participé à la surenchère, promettant d'expulser 600'000 immigrés qui, selon lui, "sont contraints de commettre des délits pour manger".

Le 4 mars, CasaPound présentera des candidats dans de nombreuses circonscriptions. Un premier signal d'alarme est venu d'Ostie, dans la banlieue de Rome, où une liste néofasciste a obtenu 9% des voix aux municipales en novembre 2017. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des heurts ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants antifascistes qui s'opposaient à la tenue d'une réunion de CasaPound à Turin. Trois policiers ont été blessés et deux étudiants arrêtés.

Heurts à Turin en marge des législatives
Heurts à Turin en marge des législatives / L'actu en vidéo / 45 sec. / le 23 février 2018

FORZA NUOVA, ENTRE INTIMIDATIONS ET AFFRONTEMENTS DE RUE

Forza Nuova se présente comme "les fascistes du IIIe millénaire". Sa figure de proue est Roberto Fiore, 58 ans. "Je ne suis pas Hitler, dit-il. Je n'ai jamais été nazi. Fasciste, en revanche, oui." Les militants de Forza Nuova sont régulièrement impliqués dans des affrontements avec les activistes des centres sociaux, proches de l'extrême gauche.

Avec le fascisme, les militants du parti partagent le goût des "rondes de sécurité" et les techniques d'intimidation. Mardi, ils ont débarqué dans les locaux de la chaîne télévisée La7, désireux de participer à une émission politique. En décembre, ils avaient allumé des fumigènes sous le siège du quotidien La Repubblica, qui a consacré plusieurs enquêtes à la multiplication d'épisodes fascistes en Italie. Roberto D'Alimonte l'assure: "En raison du quorum, ni Forza Nuova, ni CasaPound n'entreront au Parlement." Reste que, comme le souligne Hervé Rayner, un climat "très xénophobe" s'enracine depuis quelques mois en Italie.

Théo Allegrezza

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