Les incertitudes portent notamment sur l'avenir de la politique agricole commune (PAC), dont la France est l'un des principaux bénéficiaires, après le Brexit en 2020. Vendredi à Bruxelles, les dirigeants européens ont fait le constat de leurs divisions sur le sujet. Il doit aussi rencontrer dans la journée le Commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan, présent Porte de Versailles.
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"Je sais l'importance qu'a notre agriculture, je sais les attentes, les angoisses et la souffrance sur le terrain. Je suis convaincu qu'il y a un avenir certain pour notre agriculture mais à inventer ensemble, il y a des décisions difficiles à prendre dans certains secteurs", a dit Emmanuel Macron , arrivé dès 07h45, lors d'une réunion, à huis-clos, avec les acteurs institutionnels de l'agriculture.
Une "terre de conquête"
"L'agriculture française est aussi une terre de conquête, il y a beaucoup de choses à faire", a ajouté le chef de l'Etat dans son propos liminaire, auquel la presse a pu accéder.
Le président est ensuite allé à la rencontre des exposants. Il est arrivé vers 09h30 dans le hall hébergeant la vache "Haute", égérie du salon, et l'ensemble des animaux. Il a initialement été accueilli par des agriculteurs déguisés, des bousculades, et des applaudissements.
"Je suis heureux de passer la journée avec des passionnés" a-t-il dit lors de sa rencontre avec Thibault Dijols, l'éleveur de Haute, venu d'Aveyron. "Elle n'est pas farouche, c'est incroyable on dirait presque qu'elle cherche la caresse", a-t-il commenté après avoir caressé le museau de la vache.
Agriculteurs en colère
Plus loin, il a été sifflé pendant plusieurs minutes par des membres des Jeunes agriculteurs, qui ont brandi des T-shirts portant l'inscription "Attention agriculteurs en colère".
Présent à la réunion du matin, le porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, a indiqué qu'il avait surtout fait passer le message selon lequel les "agriculteurs se sentent abandonnés, qu'ils en ont assez des discours et demandent des actes".
Pour déminer le terrain, le président avait expliqué jeudi à 700 jeunes agriculteurs reçus à l'Elysée sa vision de l'agriculture de l'avenir: il veut la réorganiser en "filières" pour tenter de garantir sa rentabilité tout en la sortant de sa dépendance aux fonds publics européens.
Il a aussi laissé entrevoir le lancement d'un système de "préretraites agricoles avec une sortie progressive de l'activité", afin de permettre à un jeune de prendre la suite de ses parents.
L'épouvantail du Mercosur comme en Suisse
L'Europe n'est pas le seul souci des agriculteurs français. Les éleveurs craignent aussi l'importation à taux réduit en Europe de 70'000 tonnes de viande bovine sud-américaine par an, à droits de douane réduits si l'Europe signe un accord commercial avec les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).
La FNSEA estime que la France risque "de perdre 20 à 25'000 exploitations" si l'Europe signe ces accords.
Un accord de libre-échange entre la Suisse et le Mercosur était aussi d'actualité cette semaine, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann voulant accélérer sa conclusion. Pour la Berne fédérale, la signature de cet accord commercial devrait permettre aux entreprises exportatrices suisses d'accéder à un marché qui représente au total 260 millions de consommateurs.
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agences/fme