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"L'immigration, seul fond de commerce des extrémistes en Italie"

Cécile Kyenge, ancienne ministre italienne de l'Intégration. [AP Photo/Keystone - Domenico Stinellis]
Elections législatives en Italie: Interview de Cécile Kyenge, ancienne ministre de l'Intégration / La Matinale / 6 min. / le 28 février 2018
La campagne en vue des législatives italiennes de dimanche a été jalonnée de polémiques sur la question de l'immigration. L'ex-ministre Cécile Kyenge regrette le "climat de peur" créé par les forces politiques populistes.

"C'est un peu surréaliste. L'immigration est devenue le seul fond de commerce des forces politiques extrémistes de l'Italie, en particulier la Ligue du Nord et CasaPound", estime l'eurodéputée, ancienne ministre de l'Intégration du gouvernement d'Enrico Letta de 2013 à 2014, invitée mercredi de La Matinale de la RTS.

Cécile Kyenge dénonce le "climat de peur" créé par ces organisations, qui "utilisent l'argumentaire de l'invasion".

"Mauvais goût"

La campagne a aussi été marquée par des manifestations racistes et xénophobes, et les observateurs y voient planer "l'ombre du fascisme".

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"Ce n'est pas un problème spécifique à l'Italie, mais le racisme existe. Il y a des lois, mais elles sont mal appliquées", souligne Cécile Kyenge. D'origine congolaise, elle a été la première ministre noire en Italie et a fait l'objet d'attaques racistes de la part de la classe politique. Elle précise d'ailleurs "continuer à vivre dans un programme de protection".

"C'est une campagne électorale de mauvais goût, où l'on arrive pas à parler des programmes. On parle du malaise, de la peur de la population et cela ne sert pas l'Italie", tranche-t-elle.

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"L'immigration instrumentalisée"

Elle reconnaît que l'Italie, comme l'Espagne ou la Grèce, a été laissée seule au front au niveau européen face à la vague migratoire. "L'Union européenne et ses Etats-membres doivent comprendre que l'Europe est la solution pour gérer le phénomène migratoire", insiste-t-elle. Elle reconnaît que "les Italiens se sont sentis abandonnés". Selon elle, cela "a augmenté la force des populistes, qui ont instrumentalisé l'immigration".

Cécile Kyenge regrette aussi que "la plupart des partis politiques ne brillent pas pour leur position pro-migrants. La tendance générale est de ne pas en parler. Les partis modérés finissent pas laisser le champ libre aux extrémistes".

"Il y a quand même un peu de courage. Mais c'est triste de parler de courage sur un thème essentiel pour notre futur. Ce n'est pas suffisant!", souligne-t-elle.

Propos recueillis par Romaine Morard

Adaptation web: Jessica Vial

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