Publié

Faut-il détruire ou rénover un bâtiment qui a été le théâtre d'une fusillade?

La tuerie du lycée de Parkland, le 14 février dernier, a provoqué une levée de bouclier contre les armes. [Keystone - Amy Beth Benett]
Les lieux qui ont été le théâtre de tueries ne connaissent pas tous le même destin / Tout un monde / 4 min. / le 8 mars 2018
Démolir ou rénover un bâtiment qui a été le théâtre d'une fusillade, les pratiques divergent. Aux Etats-Unis, on détruit les collèges touchés, alors qu'on a par exemple rouvert le Bataclan à Paris.

Deux semaines après la fusillade qui a fait 17 morts dans leur école, les élèves de Parkland en Floride sont retournés en classe. Le campus de Parkland a rouvert, mais le bâtiment dans lequel a eu lieu le drame reste fermé, peut-être pour toujours.

La pratique diverge en effet pour ces lieux qui ont été le théâtre d'une fusillade ou d'un attentat. Les bâtiments scolaires sont ainsi souvent démolis aux Etats-Unis, puisque le retour en classe est psychologiquement intenable pour les élèves. D'autres lieux, comme le Bataclan à Paris - cible principale des attaques du 13 novembre 2015 - rouvrent après des travaux.

Enfin, certains endroits sont transformés. A New York, à côté de la Freedom Tower qui remplace les Twin Towers, Ground Zero est devenu un mémorial. L'anthropologue Claude-Nicole Grin explique que ce choix s'est imposé. "Les corps des victimes avaient disparu, (...) c'était un charnier collectif. (...) Les proches ont eu besoin d'afficher les photos des personnes disparues, de mettre des mots de sympathie et de nommer les disparus. C'était un phénomène assez nouveau."

Rouvrir des lieux sans transformations majeures

Le Parlement cantonal zougois, où un tireur fou avait abattu 14 élus en septembre 2001, a été rouvert. A part des contrôles de sécurité plus stricts, rien n'a changé. C'est aussi le cas du Bataclan à Paris.

A Zoug, comme à Paris, l'intention symbolique est de résister et de s'inscrire dans la continuité. Claude-Nicole Grin explique que l'attitude des habitants du quartier a aussi eu un impact: "Ils ont demandé d'effacer les traces des attentats, de pouvoir revivre une vie normale, qu'on oublie ce qui s'est passé pour leur permettre de continuer à mener une vie normale, (...) après des événements qui avaient cassé un continuum qu'il fallait pouvoir retrouver."

Des lieux de revendication

Dans la dernière fusillade en Floride, la montée au front des élèves pour exiger une révision de la loi sur les ventes d'armes a constitué un moment marquant. Une revendication qui a conduit à une mobilisation nationale, un moment de communion. En l'occurrence, l'idée, le combat et la cohésion priment sur le lieu du drame lui-même, une sorte d'union à valeur thérapeutique.

Jost von Reding/ebz

Publié