Dans le quartier de Mayfair se trouve l'une des caves les plus exclusives de Londres. A sa tête, Yevgeny Chichvarkin, qui a d'abord fait fortune en Russie dans le marché des téléphones portables. Cette réussite a attisé les convoitises.
"En 2008, les autorités russes m'ont mis sous pression. Elles voulaient que je vende ma société. Ou plutôt que je la cède à un groupe de personnes proches de Poutine", explique l'entrepreneur. A présent, il coordonne des manifestations contre le régime de Moscou: "Si j'étais Theresa May, j'imposerais des sanctions personnelles contre Vladimir Poutine et ses amis."
Air d'impunité
C'est que le président russe a beaucoup d'amis en Grande-Bretagne. Parmi eux figurent de nombreux espions, autant si ce n'est plus que pendant la Guerre froide. On retrouve également des oligarques, pour qui Londres, avec sa sécurité et sa confidentialité, est très utile.
"Ils adorent acheter des propriétés dans le centre de Londres. Non pas pour y vivre, mais pour se sentir acceptés par 'l'establishment' britannique et aussi pour parquer leur argent", analyse Mark Hollingsworth, auteur du livre "Londongrad". Plus de 130 milliards de francs seraient blanchis au Royaume-Uni chaque année.
Pour le journaliste, le lien apparaît clair: "Je pense qu'il y a un rapport entre cela et ces tentatives de meurtres. Les responsables se disent 'Nous, les Russes, avons pu blanchir de l'argent ici. Clairement, nous pouvons faire ce que nous voulons.'"
Cet air d'impunité entoure l'empoisonnement de l'ex-agent russe Sergueï Skripal, de même que les morts mystérieuses de quatorze opposants au Kremlin sur sol britannique ces dernières années.
Laurent Burkhalter