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"Le Parti démocrate doit devenir l'opposition constructive en Italie"

Sandro Gozi, secrétaire d'Etat italien aux Affaires européennes. [AFP - Dursun Aydemir]
Blocage politique en Italie: interview de Sandro Gozi / Forum / 13 min. / le 18 avril 2018
Alors que le président italien Sergio Matarella a pris mercredi des mesures pour tenter de sortir le pays du cul-de-sac politique, Sandro Gozi, secrétaire d'Etat italien aux Affaires européennes, livre à la RTS son analyse du blocage actuel.

Le président italien Sergio Mattarella a chargé mercredi la présidente du Sénat, Elisabetta Alberti Casellati, de voir d'ici vendredi si les vainqueurs des législatives du 4 mars, la coalition de droite et le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), peuvent proposer un chef de gouvernement.

"Après les dernières élections législatives, l'ancien système politique italien s'est effondré", a rappelé Sandro Gozi, secrétaire d'Etat italien aux Affaires européennes, dans l'émission Forum mercredi. "Dans ce nouveau système, aucun des gagnants n'a de majorité absolue, avec la difficulté de trouver une entente gouvernementale entre deux forces nouvelles si extrêmes et si différentes."

Fortes divergences

La présidente devra rendre ses conclusions dès vendredi. La tâche s'annonce compliquée car Luigi Di Maio, 31 ans, chef de file du M5S, premier parti avec plus de 32% des voix, et Matteo Salvini, 45 ans, chef de la Ligue (extrême droite) et leader de la coalition de droite arrivée en tête avec 37% des voix, revendiquent chacun la primauté pour leur camp.

Même chez les gagnants, les différences sont très marquées au sein d'un même camp, souligne Sandro Gozi, évoquant les divergences qui déchirent la coalition de droite, ou l'aspect "caméléon" du M5S.

Selon son analyse, l'échec de sa propre formation politique, le Parti démocrate (PD) italien, s'explique en trois points. D'abord, la crise migratoire - avec la perception que l'Italie est un pays "envahi" par les flux migratoires et laissé seul - a généré un climat de xénophobie dont Matteo Salvini a été le principal bénéficiaire.

Migration, austérité et réforme constitutionnelle

Les dégâts sociaux de la crise économique et financière ensuite, notamment les mesures draconiennes d'austérité mises en place sous le gouvernement de Mario Monti, a laissé des traces très importantes dans le tissu social, explique Sergio Gozi.

Et enfin, l'échec de la réforme constitutionnelle, trop liée au destin politique de l'ex-dirigeant Matteo Renzi (PD), a marqué le début d'une crise de confiance et d'image.

Pour la suite, le Mouvement 5 étoiles et la Ligue ont le droit et le devoir d'essayer de bâtir une majorité, estime le secrétaire d'Etat. "Ils n'y sont pas encore arrivés, peut-être parce que les contradictions sont trop importantes ou parce que passer du discours électoral au discours gouvernemental est très difficile, surtout pour les mouvements populistes."

"Le rôle futur du Parti démocrate est de faire une opposition constructive pour l'Italie, très européenne, et de nous préparer à redevenir majoritaires lors des prochaines élections", conclut-il.

Propos recueillis par Chrystel Domenjoz et Christian Favre/kkub

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