Montréal est pionnière en la matière: depuis 1962 et l'inauguration d'une grande tour de bureaux, c'est la ville souterraine qui commence à étendre ses tentacules. D'un passage reliant un hôtel, un centre commercial et la gare centrale à l'origine, ce sont maintenant 32 kilomètres de galeries qui permettent de relier métros, centres commerciaux, universités ou musées tout en étant protégé des aléas de la météo.
Dans ces couloirs se sont établis près de 12% des commerces du centre-ville. Pour accéder à cet autre Montréal, il existe 190 points d'accès, répartis dans divers quartiers. Quotidiennement et en moyenne, cette ville sous la ville voit passer 500'000 personnes.
La vue, grande absente
Dans l'émission Tout un monde, Bruno Barroca, urbaniste et maître de conférences au département du Génie urbain à l'université Paris-Est Marne-la-Vallée estime qu'une ville souterraine peut permettre de se protéger d'agressions de toutes sortes, y compris climatiques.
Pourtant, selon lui, elle n'est pas le lieu le plus indiqué pour y abriter du logement: "Dans le logement, la question de la vue est quand même une vraie qualité, ça l'est beaucoup moins dans d'autres secteurs. Dans un bureau, la question de la vue est tout de même moins importante que dans son logement." Alors que la lumière, même naturelle, peut être amenée jusque dans des infrastructures souterraines, la vue ne peut pas être déplacée.
"Un lieu intéressant en complément d'une ville aérienne"
Le souterrain reste pour Bruno Barroca le "lieu de la conservation", à température constante et à l'abri de la lumière. Et de citer caves à vin ou à provision. "C'est un lieu intéressant en complément d'une ville aérienne."
L'urbaniste explique qu'à Paris, le sous-sol est fortement utilisé. Les infrastructures de transport, mais aussi les réseaux de toute sorte colonisent le terrain. "Mais le sous-sol n'est pas tellement investi comme un lieu de vie, et c'est ce qu'apportent des villes comme Montréal. C'est un lieu où on peut vivre, faire son shopping, ses loisirs."
Propos recueillis par Eric Guevara-Frey
Adaptation web: Eric Butticaz