Alors qu'étymologiquement "esclave" vient de "slave" qui, dans l'Antiquité, désignait "ceux que l'on peut asservir", le profil de ces hommes et femmes réduits à l'état de marchandise a évolué au fil des ans. Ainsi sur les ruines de l'Empire romain, les Arabes fondent un immense territoire qui s'étend des rives de l'Indus jusqu'au sud du Sahara. Entre l'Afrique et le Moyen-Orient se tisse alors durablement un immense réseau de traite d'esclaves qui ont d'abord eu pour principale caractéristique d'être des non-musulmans, utilisés comme soldats, puis comme domestiques.
L'esclavage, c'est la négation de l'être et le recours à la violence pour faire des esclaves
Plus les troupes de Bagdad progressaient et - avec elles - l'islamisation des populations, plus les peuples mis en esclavage venaient du sud et de l'ouest du continent africain. Après le déclin de Bagdad, Le Caire devient le nouveau centre du monde arabe. Les peuples du désert mettent en place les routes des caravanes qui servent au transport de marchandises: sel, fruits, or... et esclaves.
C'est cette construction de l'autre comme dépourvu d'humanité parce que non-musulman, parce que non-blanc, parce que "différent" qui a servi à justifier un système de soumission qui perdura plusieurs siècles et dont les scènes de ventes de migrants noirs en Libye révélées par CNN peuvent être vues comme un triste reliquat.