Le taux de participation aux premières élections municipales de l'après révolution en Tunisie dimanche n'a atteint que 33,7%, a indiqué l'Instance en charge des élections (Isie), un revers pour la classe politique.
L'Isie a indiqué que 1'797'154 Tunisiens avaient voté, sur les plus de 5,3 millions d'électeurs inscrits dans un pays de 11,4 millions d'habitants. Les jeunes étaient particulièrement peu nombreux à voter.
Repoussées à quatre reprises en raison de blocages logistiques, administratifs et politiques, ces municipales constituent les premières élections depuis les législatives et la présidentielle de 2014.
Les résultats ne sont attendus qu'au cours des prochains jours, mais une forte abstention, même largement pressentie, constituerait un revers pour la classe politique, qui avait appelé à la mobilisation.
Démobilisation des électeurs
Sept ans après la révolution, qui avait suscité de nombreux espoirs, beaucoup de Tunisiens se disent démobilisés en raison d'une inflation proche de 8%, d'un chômage toujours aussi élevé et des "arrangements" entre partis dominants, aux premiers rangs desquels Nidaa Tounès, fondé par le président Béji Caid Essebsi, et les islamistes d'Ennahdha.
Ces deux partis, qui sont les seuls à avoir présenté des listes dans toutes les municipalités ou presque, pourraient rafler la mise, selon les experts.
Quelque 60'000 policiers et militaires ont été mobilisés, alors que la Tunisie demeure sous état d'urgence depuis une série d'attentats djihadistes meurtriers en 2015.
afp/boi
Un échelon que l'on veut rendre attractif
Dans la foulée de la chute du régime de Zine Al Abidine Ben Ali en 2011, les municipalités avaient été dissoutes et remplacées par de simples "délégations spéciales", dont la gestion a été jugée défaillante au fil du temps.
Certains attendent désormais que les localités soient rendues plus attractives pour les investisseurs, afin de relancer le développement.
A ce titre, ces municipales marquent le premier pas tangible de la décentralisation, inscrite dans la Constitution et l'une des revendications de la révolution.