Présenté mardi à Zurich, le livre de la Tessinoise paraît en allemand sous le titre "Im Namen der Opfer: Das Versagen der UN und der internationalen Politik in Syrien" ("Au nom des victimes: l'échec des Nations unies et de la politique internationale en Syrie"). L'ouvrage raconte, de l'intérieur, le fonctionnement et les écueils des Nations unies, avec lesquelles l'ancienne procureure s'est souvent sentie en porte-à-faux.
"Je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose pour les victimes. Je ne suis plus procureure, donc je ne peux pas préparer un acte d'accusation, ni faire d'enquête. Je voulais écrire la frustration que j'ai ressentie pendant cinq ans alors que j'essayais d'obtenir des choses sans jamais y parvenir", rapporte-t-elle dans l'émission Forum.
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Preuves d'exactions
L'ancienne procureure raconte également comment la commission d'enquête a pu réunir des preuves des exactions menées par les différents camps en Syrie.
On lui aurait d'ailleurs reproché d'avoir fait état de possibles possessions d'armes chimiques de la part des rebelles. "Maintenant, on sait que les deux parties - gouvernement et rebelles - ont utilisé les armes chimiques. Mais personne de l'office du procureur n'a effectué d'enquête qui permette de savoir qui a utilisé ces armes et à quels endroits".
Carla del Ponte raconte aussi comment elle s'est sentie bloquée par la politique: "On parle (de la situation syrienne) durant quelques jours dans la presse internationale, il y a même eu une grande discussion au Conseil de sécurité (de l'ONU) et puis plus rien. Cela montre qu'il n'y a pas de volonté politique."
"La solution pour la Syrie est politique"
L'ancienne procureure dénonce par ailleurs les frappes menées il y a un mois par les Etats-Unis et leurs alliés: "Laissons de côté l'action militaire. La seule solution pour la Syrie passe par la politique."
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Par ailleurs, la Tessinoise dit rester positive pour l'avenir: "Mon expérience dans les autres tribunaux et le fait qu'on a fait un grand pas en avant dans la justice internationale montrent que cela ne peut pas s'arrêter avec la Syrie. Je pense qu'un jour ou l'autre on arrivera à une justice internationale pour les victimes."
Propos recueillis par Séverine Ambrus