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Le programme gouvernemental italien annonce une confrontation avec l'UE

Luigi Di Maio, chef du Mouvement 5 étoiles, et Matteo Salvini de la Ligue, ont présenté un programme commun de gouvernement pour diriger l'Italie. [keystone]
Luigi Di Maio, chef du Mouvement 5 étoiles, et Matteo Salvini de la Ligue, ont présenté un programme commun de gouvernement pour diriger l'Italie. - [keystone]
Le contrat de gouvernement négocié par le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et la Ligue appelle à une révision des règles de gouvernance européenne et pose le décor d'une confrontation avec les partenaires européens de l'Italie.

Aucun projet de sortie de l'euro ou de référendum sur la question ne figure toutefois dans l'accord, rendu public vendredi matin. Ce dernier, qui comporte une soixantaine de pages et une trentaine de points, ne demande pas non plus d'exclure du calcul de la dette les rachats d'obligations opérés par la Banque centrale européenne (BCE).

Le mouvement anti-système M5S de Luigi Di Maio et la formation d'extrême droite la Ligue de Matteo Salvini tournent en revanche résolument le dos à l'austérité et parient sur une politique de croissance pour réduire la colossale dette publique italienne.

Ils réclament notamment que les dépenses d'investissement ne soient pas prises en compte dans le calcul du ratio dette/PIB et veulent aussi une activation totale des objectifs du traité européen de Maastricht (1992), qui visent notamment à un renforcement de la légitimité démocratique des institutions européennes et une amélioration de leur efficacité.

Un revenu citoyen à 780 euros

Au chapitre de la fiscalité, les deux formations prévoient pour l'impôt sur les revenus et l'impôt sur les sociétés de ramener à deux le nombre de tranches d'imposition, taxées à 15% et 20%.

Pour ce qui est de la politique sociale, le futur gouvernement prévoit la mise en place d'un "revenu citoyen" de 780 euros par mois et l'abrogation de la réforme des retraites adoptée en 2011. L'objectif étant notamment d'essayer de tordre le cou à l'austérité.

Relancer Alitalia

Les deux partis demandent aussi un réexamen complet du projet de ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin. Ils entendent également relancer la compagnie nationale aérienne Alitalia.

Ce programme, bouclé jeudi soir par les deux chefs de file, va être soumis à l'approbation des militants des deux partis dans le cadre d'une consultation accélérée prévue sur trois jours.

Un président du Conseil à trouver

Un gouvernement pourrait alors être en place dans le courant de la semaine prochaine, onze semaines après les élections législatives du 4 mars qui n'ont produit aucune majorité évidente.

Leur reste encore à s'entendre sur le nom du futur président du Conseil - chacun des deux dirigeants a exclu que l'autre accède au palais Chigi - et à obtenir l'aval du président de la République, Sergio Mattarella.

reuters/fme

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Les "miniBot", un plan vers une devise parallèle?

Le contrat de gouvernement comporte l'émission d'obligations à court terme pour régler les dettes de l'Etat auprès des entreprises. L'utilisation de ces obligations, connues en Italie sous le nom de "miniBot" (mini-Bons ordinaires du Trésor), figurait dans le programme de la coalition mise en place avant les élections législatives du 4 mars dernier par la Ligue, Forza Italia et Frères d'Italie.

Elle a été reprise dans l'accord bouclé jeudi soir entre Matteo Salvini et Luigi Di Maio.

En février dernier, le ministre de l'économie du gouvernement sortant, Pier Carlo Padoan, avait critiqué cette proposition, la qualifiant de "plan visant à mettre en circulation une devise parallèle déguisée". "L'expérience historique nous enseigne qu'un pays qui adopte une double circulation monétaire aggrave considérablement ses propres finances publiques et ses perspectives de croissance et de stabilisation", avait-il dit.