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"La Coupe des ouvriers", l'opération de comm' du Mondial au Qatar

Travailleurs étrangers sur un chantier de Doha au Qatar. [EPA/STR]
Championnat de football des ouvriers au Qatar sur fond de mauvaises conditions de travail / Tout un monde / 6 min. / le 28 mai 2018
Face aux critiques sur les conditions de travail au Qatar, le Comité d'organisation de la Coupe du monde 2022 organise un tournoi de football pour les ouvriers. Un coup marketing non dénué de cynisme dont témoigne un documentaire.

"La Coupe des ouvriers", c'est l'histoire d'Africains, d'Indiens ou de Pakistanais venus travailler sur les chantiers du Mondial au Qatar, dans l'espoir -pour certains- d'entamer une carrière de footballeur.

Certains paient parfois jusqu'à 1500 dollars à un agent qui les aide à venir avant de s'apercevoir, une fois sur place, que l'entreprise qui les a embauchés n'a rien à voir avec le sport. Pire, leur passeport est confisqué à leur arrivée dans le pays, et ces ouvriers se retrouvent prisonniers d'un système qui les exploite à travailler douze heures par jour, sept jours par semaine, et à vivre dans des camps coupés du reste de la société qatarie.

Critiqué dans le monde entier pour ces mauvais traitements, le Comité d'organisation de la Coupe du monde 2022 a mis sur pied un tournoi de football pour les travailleurs au cours duquel s'affrontent les équipes constituées par les entreprises mandatées sur les chantiers du Mondial. Une façon pour ces dernières de calmer les critiques et de continuer à recruter de la main-d'oeuvre à bon prix.

Des images rares

Mais s'ils s'investissent dans ce tournoi, qu'ils voient comme une lueur d'espoir, les ouvriers ne sont pas complètement dupes. Et c'est ce que montre avec beaucoup de sensibilité le documentaire d'Adam Sobel, qui a pu les filmer au quotidien, pendant le tournoi, profitant de l'opération de communication d'une des entreprises.

La Coupe du monde des ouvriers est un bénéfice dans leur vie, mais je regrette qu'elle soit utilisée à des fins de communication. C'est une autre forme d'exploitation

Adam Sobel, réalisateur de "La Coupe des ouvriers"

Sans tomber dans le misérabilisme, Adam Sobel montre avec un réel -et paradoxal- souci de l'esthétisme leurs lieux de vie et des moments de complicité touchants entre des êtres humains liés par des conditions de vie déplorables.

"C'était peut-être une conséquence inattendue de ce tournoi", observe d'ailleurs Adam Sobel dans l'émission Tout un monde (écouter ci-dessus). "Les syndicats sont interdits au Qatar, mais ce tournoi d'une certaine façon a créé un lien entre eux. S'il avait été supprimé, les ouvriers auraient été dévastés", estime-t-il. Et d'ajouter: "c'est l'une des rares opportunités pour eux de participer à quelque chose, d'avoir le sentiment d'être dans la société".

Juliette Galeazzi

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