On pensait classée l'affaire des CFC, ces gaz largement utilisés pour la réfrigération, les aérosols, qui servaient à fabriquer des mousses isolantes ou à nettoyer les circuits des ordinateurs.... mais qui creusaient un trou dans la couche d'ozone.
Avec le protocole de Montréal, premier accord environnemental incluant la plupart des pays de la planète, signé en 1987 puis ratifié par 196 pays en 2009, ce composé archi-polluant avait été interdit. Et le trou de la couche d'ozone, grande menace atmosphérique des années 1980, a commencé à se résorber.
Pourtant, récemment, des scientifiques ont découvert que les émissions de CFC ont augmenté de 25% depuis 2012. Stephen Montzka, scientifique américain de l'Administration nationale des océans et de l'atmosphère, vient même de découvrir de nouvelles émissions et a publié les fruits de ses recherches dans la revue Nature.
Des contrevenants au protocole?
Dans les relevés atmosphériques d'un observatoire basé à Hawaï, les chercheurs ont constaté une hausse des émissions provoquant une hausse progressive de la concentration de CFC dans l'air. Ils ont aussi remarqué que l'augmentation provenait d'Asie du Sud.
Pourtant, chaque pays ayant ratifié le protocole de Montréal est tenu de coopérer, d'envoyer ses bilans annuels d'émissions de CFC, le tout supervisé par l'ONU. Mais aucun document n'avait mis en évidence une quelconque anomalie.
Si cela continue, on a calculé que cela peut retarder ou reporter la guérison de la couche d'ozone d'environ dix ans.
"Il doit y avoir des usines qui contreviennent aux réglementations des Etats et qui produisent du CFC alors que c'est complètement interdit", avance Sophie Godin, directrice de recherche au CNRS, qui préside de la commission internationale sur l'ozone. Elle parle toutefois d'une "hypothèse", pour laquelle "les pays doivent faire leur propre enquête".
Des gaz de substitution qui ne font aucun dégât sur l'environnement existent pourtant depuis longtemps. Ils étaient d'ailleurs une sorte de monnaie d'échange pour que les industriels acceptent de laisser tomber les CFC, mais ils impliquent un surcoût.
"Si cela continue, on a calculé que cela peut retarder ou reporter la guérison de la couche d'ozone d'environ 10 ans", avertit Geir Braathen, chercheur à l'Organisation météorologique mondiale.
Virginie Langerock/jvia
Enquête et résultats en attente
Les mesures atmosphériques de l'Observatoire de Corée du sud, le plus proche de l'Asie du sud, et donc le seul capable d'apporter les analyses les plus précises, sont attendues dans les prochains mois.
Le programme des Nations unies pour l'environnement, qui applique le Protocole de Montréal, va aussi mener son enquête auprès des pays concernés. Et si besoin, il existe un mécanisme de sanction indirect, en retirant l'aide du fonds multilatéral qui donne un soutien financier aux pays en développement pour qu'ils se débarrassent de l'ancienne technologie.