Le 8 mai dernier, Donald Trump annonce solennellement le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien. Retour des sanctions aussi. Depuis son élection, le nouveau locataire de la Maison Blanche n'a eu de cesse de dénoncer cet accord conclu sous l'administration Obama. "Si je certifiais cet accord pourri, l'Iran aurait les armes nécessaires pour poursuivre ses objectifs terroristes", a martelé Donald Trump pour justifier sa décison.
"Donald Trump dénonce un accord sans attendre les résultats et sans présenter aucune alternative", souligne Hasni Abidi, directeur du Centre d'étude et de recherche sur le monde arabe. L'accord de Vienne, "le plus abouti depuis la Seconde Guerre mondiale" selon lui, a été conclu après plusieurs années d'intenses négociations. Il prévoit globalement la levée des sanctions internationales appliquée à l'Iran, en échange de l'arrêt de ses programmes nucléaires à visée militaire.
"L'accord devait non seulement permettre aux Iraniens d'avoir leur classe moyenne, mais aussi de les insérer dans le jeu international et de mettre fin à leurs ambitions nucléaires", précise Hasni Abidi.
L'Europe impuissante
Le politologue se montre peu optimiste sur les tentatives de sauvetage franco-allemandes face à la volonté américaine. "Il sera difficile de résister au départ des Américains, ils pèsent lourd sur le plan économique, politique et militaire".
On est à un tournant dans les relations entre Américains et Européens.
Washington promet aussi de lourdes sanctions contre les entreprises qui continueraient de commercer avec la République islamique. L'Union européenne se retrouve donc face à un dilemme politique et économique: "continuer à préserver cet accord, ou s'exposer à des sanctions très importantes et difficiles à supporter pour les économies européennes", explique Hasni Abidi. "On est à un tournant dans les relations entre les Américains et les Européens".
En se détournant du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, Donald Trump esquisse l'échec de la politique multilatérale, souligne encore l'expert. "Donald Trump met fin à la normalité dans les relations internationales, il veut liquider l'héritage laissé par son prédécesseur Barack Obama".
Deux axes majeurs au Moyen-Orient
Avec la nouvelle donne américaine et face à l'expansion iranienne, deux nouveaux axes se dessinent au Moyen-Orient. D'un côté, Washington, Tel-Aviv et Riyad. De l'autre, Moscou, Téhéran et Ankara. "Cette configuration n'augure rien de bon, car les grandes démocraties en sont exclues", déplore Hasni Abidi.
Mélanie Ohayon