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Le oui irlandais, désaveu pour l'Eglise et catalyseur pour Belfast

Plus de 66% des Irlandais ont accepté de libéraliser l'avortement. [Keystone/EPA - Aidan Crawley]
Plus de 66% des Irlandais ont accepté de libéraliser l'avortement. - [Keystone/EPA - Aidan Crawley]
En plus de marquer un désaveu pour l'Eglise catholique, la libéralisation de l'avortement en Irlande pourrait servir d'exemple pour sa voisine l'Irlande du Nord, sous pression pour assouplir sa répressive législation sur l'IVG.

Les Irlandais ont approuvé à une majorité écrasante de 66% la libéralisation de l'avortement par référendum vendredi, nouveau séisme culturel dans cette petite république de 4,7 millions d'habitants, trois ans après la légalisation du mariage homosexuel.

>> Lire : Deux tiers des Irlandais ont dit oui à la légalisation de l'avortement

Evoquant "une révolution tranquille", Dublin prévoit désormais d'autoriser "avant la fin de l'année" l'avortement pendant les 12 premières semaines de grossesse, et jusqu'à 24 semaines pour raisons de santé.

Espoirs pour l'Ulster

Ces résultats ont ravivé l'espoir d'une libéralisation de l'IVG en Irlande du Nord voisine où, contrairement au reste du Royaume-Uni, elle n'est autorisée que lorsque la vie de la mère est menacée. Dans tous les autres cas, les contrevenantes risquent l'emprisonnement à vie, en vertu d'une des législations les plus restrictives d'Europe, forgée au XIXe siècle.

Parmi la foule venue célébrer la victoire du "oui" au château de Dublin samedi se trouvaient de nombreux Nord-Irlandais, dont les cheffes du parti républicain Sinn Fein en Irlande, Mary Lou McDonald, et en Irlande du Nord, Michelle O'Neill, qui ont brandi une pancarte "Le Nord est le prochain".

Theresa May sous pression

Les résultats à peine publiés, la pression a commencé à monter sur la Première ministre britannique Theresa May pour qu'elle prenne à bras-le-corps une réforme dans cette province britannique, sans gouvernement local - normalement compétent en la matière - depuis début 2017. La porte-parole de Theresa May a d'ailleurs dit qu'il revenait au gouvernement nord-irlandais de se prononcer sur la question.

"Un jour historique (...) pour l'Irlande, et j'espère un aussi pour l'Irlande du Nord", a tweeté la ministre britannique du Développement international et secrétaire d'Etat pour les Femmes et l'Egalité, Penny Mordaunt. "Cet espoir doit être satisfait", a-t-elle ajouté, reflétant l'opinion de nombreux députés, dans l'opposition comme dans la majorité conservatrice.

Le Sinn Fein et les nationalistes du SDLP, qui s'appuient tous deux sur l'électorat catholique, soutiennent la légalisation. Mais la perspective d'un changement rapide paraît improbable: Theresa May risquerait gros en froissant le DUP, petit parti ultra-conservateur et unioniste dont dépend sa majorité parlementaire.

Désaveu pour l'Eglise catholique

Dans la République d'Irlande, encore étonnée de l'ampleur du "oui", le résultat du scrutin est perçu comme un désaveu pour l'Eglise catholique, dont l'emprise sur la société s'est relâchée ces dernières années, affaiblie par les bouleversements économiques et sociaux, des affaires de pédophilie ou de maltraitances au sein de foyers religieux.

Une analyse fermement rejetée par l'Eglise catholique. Pas question pour elle de modifier sa position sur l'IVG: elle doit au contraire la renouveler en paroles comme en actes, a estimé l'archevêque de Dublin, Diarmuid Martin en s'adressant à des fidèles dimanche, selon des propos rapportés par des médias irlandais.

ats/ebz

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