Convoqué lundi matin par le président Sergio Mattarella, Carlo Cottarelli s'est vu attribuer le surnom de "Monsieur Ciseaux" quand il a été chargé de la révision des dépenses publiques par le gouvernement d'Enrico Letta en 2013.
Si Sergio Mattarella fait appel à lui, c'est parce qu'il a mis son veto à un gouvernement populiste clairement eurosceptique, qui devait être dirigé par le météorique président du conseil désigné, Giuseppe Conte, qui a remis son mandat au président dimanche.
Dans une allocution télévisée, le chef de l'Etat a déclaré qu'il avait rejeté la nomination de Paolo Savona, économiste eurosceptique de 81 ans, au poste de ministre de l'Economie parce qu'il avait menacé de sortir l'Italie de la zone euro.
La fureur des vainqueurs
La désignation probable de Carlo Cottarelli attire les foudres des deux formations qui ont remporté les élections et signé un programme de gouvernement, le Mouvement cinq Etoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite).
"Un Monsieur Personne qui représente la finance internationale", a asséné dimanche soir Matteo Salvini, le patron de la Ligue. "Il est un de ces experts donneurs de leçons qui nous ont accablés en taillant dans la santé, l'éducation, l'agriculture", a lancé de son côté Luigi Di Maio, chef de file du M5S, en demandant sa destitution.
Sergio Mattarella ne cède pas
Sergio Mattarella est un homme de principes et quitte à provoquer une crise politique sans précédent, il n'a pas cédé face aux partis qui voulaient imposer Paolo Savona. "J'ai facilité de toutes les manières la tentative d'arriver à un gouvernement", a déclaré dimanche soir le président italien après le renoncement de Giuseppe Conte.
"Personne ne peut donc soutenir que j'ai fait obstacle à un gouvernement défini comme un gouvernement de changement", a-t-il ajouté.
agences/pym
L'UE souhaite un gouvernement stable et pro-européen
L'Union européenne a appelé lundi à la mise en place d'un gouvernement "stable et pro-européen". "Nous, en Allemagne, nous devons nous abstenir de donner des conseils en ce qui concerne la formation de gouvernements, car nous avons eu nous-mêmes besoin de 6 mois pour former un nouveau gouvernement", a ainsi déclaré le secrétaire d'Etat allemand pour l'Europe Michael Roth.
"Il faut surtout privilégier la mise en place d'un gouvernement stable", a renchéri le chef de la diplomatie belge Didier Reynders. "À défaut, ce sera probablement des nouvelles élections. Mais l'idéal, c'est d'aller vers un gouvernement avec lequel l'UE puisse travailler efficacement", a-t-il précisé.
La vice-présidente de la Commission européenne et représentante de la diplomatie européenne, l'Italienne Federica Mogherini, s'est elle déclarée "confiante dans la capacité des institutions italiennes et du président Mattarella à garantir les intérêts du peuple italien, qui coïncident avec ceux de l'Union européenne".