Quand le groupe Etat islamique a été chassé par les forces kurdes soutenues par les Etats-Unis, la liesse s'est emparée de Kobané, même si les habitants craignaient de tomber sur des mines abandonnées par les djihadistes.
Mais c'est surtout une ville presque entièrement en ruines qui a été laissée aux habitants. Aujourd'hui, quelque 250'000 personnes y vivent, contre 400'000 avant le début de la guerre en 2011. Et ce sont elles qui ont dû reconstruire, lentement, les maisons détruites.
Les habitants ont longtemps réclamé l'aide des autorités kurdes syriennes, de facto au pouvoir après le départ des représentants du pouvoir central syrien, pour qu'elles participent aux travaux, mais "nous avons perdu espoir", raconte Ahmed à l'afp. Cet habitant s'est réfugié en Turquie au début de la bataille avant de revenir à Kobané un an plus tard pour retrouver sa maison presque entièrement détruite.
Faute d'aide de l'extérieur, Ahmed a fini par demander de l'argent à ses proches expatriés. Des membres de sa famille installés à l'étranger lui ont envoyé de l'argent, un peu plus de 1000 dollars entièrement investis dans la reconstruction.
Mohammed a lui reconstruit sa maison avec l'aide de son épouse et de ses enfants, en piochant dans ses propres économies. "Des membres de la Municipalité sont venus, ils ont pris note des dégâts, mais ils n'ont rien fait", regrette-t-il. "Personne ne nous a aidés, cela m'a coûté beaucoup d'argent."
A travers la ville, si plusieurs façades sont encore criblées de balles, les murs de nombreuses maisons ont été reconstruits ou repeints grâce à l'argent envoyé depuis l'étranger. D'autres habitations restent en revanche entièrement détruites.
"Cinq mille maisons ont été détruites à Kobané, dont environ 70% ont été reconstruites", indique le responsable de la ville Anwar Mouslem. "Nous n'avions pas les moyens d'aider à réparer les maisons. Les expatriés aident leurs familles et c'est une bonne chose", ajoute-t-il.
Les infrastructures ont également été endommagées, mais les autorités ont réussi à raccorder l'eau et l'électricité aux habitations et reconstruire 12 écoles. Les coupures d'eau et d'électricité restent toutefois fréquentes.
Si certains ont réussi à réunir l'argent nécessaire pour réparer leurs habitations, d'autres n'ont pas eu cette chance. "Nous n'avons pas les moyens de reconstruire", regrette un homme qui a fait le choix de vivre désormais dans un appartement.
Dans un autre secteur de Kobané, le plus endommagé, les responsables locaux ne veulent pas reconstruire. Ils cherchent à le transformer en musée à ciel ouvert, un témoignage de la bataille intense menée contre l'EI. Les autorités ont ainsi payé des compensations aux locataires ou propriétaires de la moitié des 500 habitations du quartier, qu'elles veulent voir vide.
boi avec afp