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Entre la Corée du Nord et les Etats-Unis, 70 ans de relations houleuses

Montage photo montrant côte à côte le leader nord-coréen Kim Jong-un et le président américain Donald Trump. [Reuters - KCNA]
Le leader nord-coréen Kim Jong-un et le président américain Donald Trump. - [Reuters - KCNA]
Donald Trump rencontrera mardi le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Singapour. Le président américain veut arracher un accord sur la dénucléarisation nord-coréenne, qui a échappé à ses prédécesseurs. Retour sur plusieurs tentatives infructueuses.

La fin de la guerre de Corée en 1953 n'a pas apaisé les tensions entre les deux pays, et le conflit s'est soldé par un armistice qui ne s'est jamais transformé en accord de paix.

Les vaines tentatives d'accord entre la Corée du Nord et les Etats-Unis se sont multipliées. Depuis une trentaine d'années, les présidents américains successifs ont tenté de faire pression sur la Corée du Nord pour qu'elle abandonne son programme d'armement nucléaire, sans y parvenir.

Un accord en 1994

Pyongyang signe en 1985 le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), ratifié par Kim Il-sung, le grand-père du dirigeant actuel. Mais en 1993, quand des photos satellites américaines dévoilent la présence d'une usine de retraitement nucléaire à Yongbyon, Washington soupçonne une tricherie.

Sous l'administration de Bill Clinton, en 1994, la Corée du Nord, désormais dirigée par Kim Jong-il, accepte de geler et de démanteler ultérieurement ses installations nucléaires susceptibles de produire du plutonium, en échange d'une fourniture en pétrole et de réacteurs civils à eau légère.

En 1999, un an après un premier tir nord-coréen de missile balistique à longue portée, Kim Jong-il décrète un moratoire sur les essais de missiles. Les Etats-Unis allègent leurs sanctions.

"L'Axe du Mal"

Mais ce réchauffement vole en éclats en 2002, lorsque le président américain George W. Bush prononce son discours sur "L'Axe du Mal", dans lequel il inclut la Corée du Nord. Washington accuse Pyongyang de conduire un programme secret d'enrichissement d'uranium et l'accord de 1994 est déclaré caduc.

Pyongyang annonce alors la reprise de son programme nucléaire et se retire du Traité de non-prolifération nucléaire en 2003. S'ensuit une série de pourparlers incluant la Chine, la Russie et le Japon, mais qui se révélera en grande partie infructueux.

Réchauffement de courte durée

Un accord ambitieux, qui doit déboucher sur un traité de paix entre les deux pays, est pourtant proposé en 2005: la Corée du Nord accepte de renoncer à son programme nucléaire et de rejoindre à nouveau le TNP, en échange d'une aide alimentaire et énergétique.

Mais Pyongyang procède à des tirs de missiles et à un premier essai nucléaire, et les pourparlers reprennent. La Corée du Nord entame les premières étapes d'un processus de dénucléarisation et Washington annonce le déblocage de fonds de Pyongyang gelés à Macao.

Ce réchauffement fait toutefois long feu, les deux parties n'arrivant pas à s'accorder sur les procédures de vérification du désarmement. La Corée du Nord reprend ses essais balistiques et atomiques.

Nouvel accord avorté en 2012

En février 2012, l'administration Obama offre à Pyongyang une aide alimentaire considérable en échange d'un moratoire sur l'enrichissement d'uranium et les tests balistiques, ainsi que le retour des inspections à Yongbyon, permettant une reprise des pourparlers à six.

Mais 16 jours plus tard, la Corée du Nord, dirigée depuis 2011 par Kim Jong-un, annonce ses projets de lancement de satellite. Celui-ci se concrétise en avril, signant l'arrêt de mort de l'accord.

Dès lors, les provocations s'enchaînent, avec une escalade verbale en 2017 sous la présidence de Donald Trump, jusqu'à l'invitation de Kim Jong-un au président américain au début de cette année.

Jessica Vial, avec agences

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