"Il y a quelques mois, on craignait le pire, maintenant, on espère le meilleur", a déclaré la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Pascale Baeriswyl dans La Matinale de la RTS mardi. La diplomate insiste sur le premier pas et l'image forte que représente le sommet de Singapour, mais il reste "un important travail diplomatique à mener".
"Il ne faut pas oublier le travail du président sud-coréen Moon. Il y a eu un important travail en amont, de la part de nombreuses personnes", insiste Pascale Baeriswyl.
La Suisse "a déjà beaucoup fait dans ce contexte"
La Suisse a-t-elle éprouvé de la frustration en n'accueillant pas le sommet historique? Le pays "a déjà beaucoup fait dans ce contexte", notamment par la présence d'officiers helvétiques sur la ligne de démarcation entre les deux Corées depuis 1953 ou l'organisation de tables rondes à Zermatt réunissant des officiels de la sécurité des Etats-Unis et de la Corée du Nord, répond la secrétaire d'Etat.
"Accueillir le sommet où la paix se fera, cela peut être un rêve, mais tout le travail diplomatique qui se fait en arrière-plan est tout aussi important. (...) Dans ce genre de cas, il faut apprendre à servir et disparaître."
La politique suisse des bons offices dans des situations de forte tension est couronnée de "petits ou grands succès", souligne la secrétaire d'Etat. "Au mois de mars, on a pu formaliser un nouveau mandat de protection entre l'Arabie saoudite et l'Iran, un rare pas positif dans la région."
L'accord avec l'Iran "calibre le risque nucléaire"
Alors que les relations entre les Etats-Unis et la Corée du Nord progressent, Donald Trump a annoncé le retrait de son pays de l'accord avec l'Iran. "La Suisse regrette beaucoup le retrait des Etats-Unis (...). Ca a été un intense travail diplomatique sur presque quinze ans." Pour Pascale Baeriswyl, ce qui fâche Donald Trump, c'est davantage les autres domaines que le domaine nucléaire, où l'Iran "se tient parfaitement à l'accord".
La diplomate explique que l'idée de l'accord était principalement de "calibrer le risque nucléaire", alors que les autres points de discorde avec l'Iran doivent être réglés d'un autre côté. "Le risque principal est la nucléarisation de l'Iran", et l'accord était limité à ce point, "ce qui ne nous empêche pas de travailler sur les aspects régionaux", une stratégie que la diplomate qualifie de "bonne".
Propos recueillis par Romain Clivaz
Adaptation web: Eric Butticaz