Les 365 francs de la redevance pourront financer des productions audiovisuelles en ligne. Le montant sera prélevé sur les 6% alloués aux radios et télévisions régionales.
Pierre Steulet, l'administrateur des radios de l'Arc jurassien (RTN, RFJ et RJB), voit en ce projet un "clair affaiblissement des médias régionaux" de la part de la Confédération et parle de "poudre aux yeux". Selon lui, il sera "très difficile de définir qui pourra recevoir une part de cette redevance".
"On n'a pas trouvé de solution pour sauver la presse écrite et on nous offre une espèce d'alternative", regrette-t-il. Et de poursuivre: "C'est un peu un raisonnement intellectuel de fonctionnaires qui ne vont jamais sur le terrain, qui ne vont jamais voir dans les médias comment ça se passe. Et ils ont trouvé une porte de sortie un peu fumeuse".
Le risque de "déclencher une guerre"
"Si l'on oblige les journaux à nous concurrencer pour puiser dans cette manne, on va déclencher une guerre plutôt que de favoriser la diversité", juge Pierre Steulet.
Il n'est toutefois pas opposé au développement des médias en ligne: "Il faut qu'internet se développe, mais la méthode choisie n'est pas la bonne". Il insiste pourtant sur le fait qu'il appartient à la Confédération de trouver une solution.
Pierre Steulet reconnaît aussi que la presse écrite est la grande oubliée de la nouvelle loi. Et que celle qui remplit un rôle "similaire aux médias régionaux qui reçoivent la redevance" doit pouvoir être soutenue. "On a toujours dit, même avant la votation sur No Billag, qu'on était favorables à un système. Mais qui ne vienne pas pomper dans la manne des radios régionales".
"On attendait un peu de calme, mais en fait on ouvre un chantier, pour ne pas dire le chaos", conclut-il.
Propos recueillis par Romaine Morard
Adaptation web: Jessica Vial
De gauche à droite, des insatisfaits
Une partie de la redevance aux offres audio et vidéo en ligne, une autre pour les agences de presse, et parallèlement, un mandat resserré pour la SSR. La nouvelle loi sur les médias électroniques présentée hier par le Conseil fédéral suscite peu d'enthousiasme. De droite à gauche, personne n'est satisfait et plusieurs formations politiques tenteront de remodeler la loi.
Les précisions de Pietro Bugnon dans La Matinale:
La consultation se terminera le 15 octobre. Le Parlement se prononcera, lui, en 2019.