Mettant fin à une interdiction unique au monde, l'Arabie saoudite autorise les femmes à conduire depuis dimanche 00h00 heure locale, une réforme historique pour le royaume ultraconservateur.
Aussitôt après l'expiration de l'interdiction, des femmes ont commencé dans la nuit à sillonner au volant les avenues brillamment éclairées de la capitale Ryad et d'autres villes du royaume. Certaines avaient mis à fond la stéréo de leur véhicule.
Moment très attendu
Annoncé en septembre 2017, ce changement historique inspiré par le prince héritier Mohammed ben Salmane fait partie d'un vaste plan de modernisation du riche pays pétrolier. L'interdiction de conduire était le symbole du statut inférieur des Saoudiennes, décrié à travers le monde.
On s'attendait à ce que des milliers de conductrices prennent le volant dès dimanche, une journée attendue depuis longtemps par les Saoudiennes et qui, pour beaucoup, pourrait faire entrer dans une nouvelle ère la société de ce royaume régi par une version rigoriste de l'islam.
>> Lire : "L'Arabie saoudite veut refermer la page de 1979 et s'ouvrir au monde"
agences/br
Economies en vue
Pour beaucoup de femmes, saoudiennes ou expatriées, cette mesure permettra de réduire leur dépendance à l'égard des chauffeurs privés ou des hommes de leur famille, entraînant du même coup des économies financières.
En juin, le royaume a délivré les premiers permis de conduire à des femmes. Certaines ont échangé leur permis étranger contre un permis saoudien après avoir passé un test.
Mais les hommes conservent leur statut de "tuteurs" et décident à la place des femmes. Les Saoudiennes doivent sortir voilées et restent soumises à de strictes restrictions: elles ne peuvent ni voyager, ni étudier, ni travailler sans l'autorisation de leur mari ou d'un homme de leur famille, ni manger seules dans un restaurant.
Enthousiasme tempéré
Mais l'enthousiasme créé par l'annonce des réformes semble entaché par une répression contre les militantes qui se sont entre autres longtemps opposées à l'interdiction de conduire.
Selon les autorités, sur 17 personnes arrêtées, neuf sont toujours en prison. Elles sont accusées d'avoir porté atteinte à la sécurité du royaume et d'avoir aidé les "ennemis" de l'Etat saoudien.