"D'après les résultats, il apparaît que Recep Tayyip Erdogan a remporté la majorité absolue des voix valides", ce qui lui permet d'être réélu au premier tour, a indiqué le Haut comité électoral tôt lundi. Cette annonce a été accueillie par des cris de joie au siège du parti du président turc, l'AKP.
Le Haut comité n'a pas avancé de score, mais l'agence de presse étatique Anadolu a affirmé que le président sortant avait remporté le scrutin avec environ 52,5% des voix, selon des résultats portant sur la quasi-totalité des bulletins.
Réaliser les promesses
Au pouvoir depuis 15 ans, Recep Tayyip Erdogan n'a pas attendu l'annonce de la commission électorale pour revendiquer la victoire. "Notre nation m'a confié la responsabilité de président de la République", a-t-il dit lors d'une déclaration à sa résidence à Istanbul.
"Le vainqueur de cette élection, c'est la démocratie, la volonté nationale. Le vainqueur de cette élection, c'est chacun des 81 millions de nos concitoyens", a encore clamé le chef de l'Etat de 64 ans.
"Dès demain, nous allons commencer à travailler pour réaliser les promesses que nous avons faites au peuple", a-t-il dit. Il a également promis que les autorités turques qui ont mené la répression depuis le coup d'Etat manqué de juillet 2016 allaient poursuivre leur lutte contre les organisations terroristes.
Fraudes dénoncées
Son principal concurrent, le social-démocrate Muharrem Ince qui portait les couleurs du parti laïc CHP, est arrivé en deuxième position avec 30,7%. Il a attendu lundi pour réagir, disant "accepter" les résultats et demandant à son adversaire d'être "le président de tous les Turcs". L'opposition avait auparavant dénoncé des tentatives de fraude, évoquant notamment des tentatives de bourrage d'urnes.
Interrogé sur les ondes de la RTS lundi matin, le sociologue et éditorialiste turc Emre Gonen relativise les éventuelles fraudes électorales: "La société civile et les partis d'opposition se sont très bien organisés pour contrôler les urnes. Il y a certainement eu des fraudes mais je ne pense pas qu'elles ont été massives au point d'expliquer l'écart entre le président sortant et l'opposition."
De son côté, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a critiqué lundi les conditions de la campagne électorale en Turquie, estimant qu'elles n'avaient pas été "équitables".
Un scrutin crucial
L'enjeu de ce scrutin était de taille, car il marque le passage du système parlementaire en vigueur à un régime présidentiel où le chef de l'Etat concentre la totalité du pouvoir exécutif, suite au référendum parlementaire qui s'est tenu l'an dernier. Son mandat est de cinq ans.
Ses détracteurs accusent Recep Tayyip Erdogan de dérive autocratique, en particulier depuis la tentative de putsch de juillet 2016, suivie de purges massives qui ont touché des opposants et des journalistes et suscité l'inquiétude de l'Europe.
Pour lui barrer la route, des partis aussi différents que le CHP, Iyi (nationaliste) et le Saadet (islamiste) ont noué une alliance inédite pour les législatives, avec l'appui du HDP (prokurde).
agences/cpi/boi
Victoire de l'alliance de l'AKP aux législatives
Le parti de Recep Tayyip Erdogan, l'AKP, et son allié ultranationaliste, le MHP, conservent leur majorité parlementaire avec 53,6 des suffrages exprimés.
L'alliance anti-Erdogan formée par plusieurs partis d'opposition pour le volet législatif du scrutin récolte 34%, d'après les résultats partiels publiés par l'agence étatique Anadolu
Le Parti démocratique du peuple (HDP) pro-kurde franchit par ailleurs le seuil de 10% des suffrages nécessaires pour disposer de représentants au parlement, selon la commission électorale.
Félicitations de Vladimir Poutine
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a félicité Recep Tayyip Erdogan pour sa réélection, tout en rappelant les "valeurs fondamentales" de l'Alliance, tandis que la Commission européenne a exprimé son souhait de voir la Turquie rester "engagée" avec l'UE.
Dans un télégramme de félicitations, le président russe Vladimir Poutine, "a souligné que les résultats de l'élection attestent pleinement de la grande autorité politique de Recep Tayyip Erdogan".
Son homologue iranien Hassan Rohani a offert ses "félicitations les plus sincères" au leader turc, espérant que les relations vont "se développer davantage" sur la base "des solides liens historiques, culturels, religieux, des relations de bon voisinage, du respect mutuel et des intérêts communs" entre les deux pays.