Lafarge SA, holding actionnaire majoritaire de la filiale syrienne Lafarge Cement Syria mise en cause, a été mise en examen aussi pour "financement d'une entreprise terroriste" et "mise en danger de la vie" des anciens salariés de l'usine de Jalabiya (nord), a-t-on appris de source judiciaire.
Cette décision de mises en examen, qui intervient au terme d'une enquête hors norme, est "conforme" aux réquisitions du parquet de Paris, a précisé la source judiciaire. Lafarge SA est soumis à un contrôle judiciaire comprenant une caution de 30 millions d'euros.
Huit anciens cadres et dirigeants déjà inculpés
Le cimentier LafargeHolcim, né en 2015 de la fusion du français Lafarge et du suisse Holcim, a annoncé jeudi qu'elle ferait appel de cette décision. Il a précisé qu'aucune des personnes mises en examen n'est aujourd'hui employée par l'entreprise.
Huit anciens dirigeants et cadres de Lafarge ont déjà été mis en examen, parmi lesquels figure Bruno Lafont, PDG du cimentier français de 2007 à 2015.
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agences/dk
Une "taxe" versée aux organisations djihadistes
Le groupe Lafarge est soupçonné d'avoir versé près de 13 millions d'euros entre 2011 et 2015 pour maintenir son usine de Jalabiya, située dans le nord de la Syrie, alors que le pays s'enfonçait dans la guerre.
Ces sommes ont bénéficié en partie à des groupes armés dont l'organisation djihadiste Etat islamique (EI). Elles correspondaient notamment au versement d'"une taxe" pour la libre circulation des salariés et des marchandises.
A ces canaux de financement s'ajoutent désormais des soupçons sur la possible vente de ciment au groupe EI, mis en lumière dans de récentes investigations, selon une source proche du dossier.