L'Italie bloquait depuis jeudi soir l'adoption de déclarations communes au sommet européen de Bruxelles en réclamant aux autres pays qu'ils répondent d'abord à ses demandes sur la question des migrants, une initiative rare qui illustre les profondes divisions au sein de l'Union européenne.
"Toutes les mesures prises au regard de ces centres contrôlés, notamment la relocalisation et la réinstallation, se feront sur la base du volontariat", dit le communiqué signé par les dirigeants européens après neuf heures de négociations.
Renforcement des frontières extérieures
Les Vingt-huit ont également décidé de renforcer leurs frontières extérieures, notamment en augmentant les aides à destination de la Turquie et de l'Afrique du Nord, afin d'éviter de renouer avec des flux comparables à ceux que l'Europe avait enregistré en 2015.
Le communiqué indique en outre que la piste de l'instauration de "centres d'accueil" situés hors du territoire européen sera explorée. Les dirigeants européens se sont en outre mis d'accord sur la création de "centres contrôlés" où seront étudiées les demandes d'asile formulées par les réfugiés.
Giuseppe Conte satisfait
En première ligne depuis l'ouverture du sommet, le président du conseil italien Giuseppe Conte, s'est félicité de son issue et a dit constater que l'Italie n'était plus "seule". Rome décidera ultérieurement de se doter ou non de centres d'accueil de migrants, a-t-il ajouté.
S'exprimant après la fin du sommet, le président français, Emmanuel Macron, a évoqué "une volonté de mieux protéger les frontières, de renforcer les règles d'accueil".
"La coopération européenne l'a emporté (...). La solidarité que nous devons aux premiers pays d'entrée a été actée lors de ce sommet", a-t-il dit.
Plus mesurée, la chancelière Angela Merkel a jugé que le texte européen était positif tout en soulignant que les divergences persistaient au sein de l'Union.
La conseillère fédérale en charge de la justice, Simonetta Sommaruga, a déclaré que "le renforcement des frontières extérieures de l'UE ne doit pas conduire à une fermeture des frontières aux réfugiés". Tout en saluant l'accord conclu, elle va s'engager pour que les valeurs fondamentales de l'Europe soient respectées.
>> Lire aussi : Pression italienne sur la question migratoire au sommet européen
agences/br/nr
L'OIM préconise une "solution européenne" pour les centres d'accueil
De son côté, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a estimé vendredi matin que les centres de gestion des demandeurs d'asile convenus par les dirigeants des Vingt-Huit devaient être situés en Europe, et pas à l'étranger.
"Nous ne parlons pas de centres de traitement à l'étranger, c'est le point crucial", a déclaré Leonard Doyle, porte-parole de l'agence onusienne. "Ces centres devraient être en Europe." "Toute solution doit être une solution européenne", a-t-il ajouté.
L'OIM a exprimé son inquiétude "insurmontable" sur l'ouverture de "plateformes de débarquement" en Libye du fait de l'insécurité qui y règne.
Les ports italiens fermés "tout l'été"
Les ports italiens resteront fermés "tout l'été" aux ONG qui secourent les migrants en Méditerranée. L'accès aux ports leur sera aussi refusé pour se ravitailler en carburant, a annoncé vendredi le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini.
"Les ONG verront l'Italie seulement en carte postale", a déclaré le chef de file de la Ligue sur une radio italienne. "Comme me disent les militaires italiens et même les libyens, les ONG aident les passeurs, consciemment ou pas", a-t-il poursuivi. Et d'assurer que l'Italie "continuerait à sauver tout ceux qui doivent être sauvés, avec les Etats qui sont des Etats".