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Le navire humanitaire Aquarius devrait reprendre la mer "d'ici deux semaines"

L'invitée de Pietro Bugnon (vidéo) - Caroline Abu Sa'da, directrice générale de SOS Méditerranée Suisse
L'invitée de Pietro Bugnon (vidéo) - Caroline Abu Sa'da, directrice générale de SOS Méditerranée Suisse / La Matinale / 10 min. / le 13 juillet 2018
Après avoir interrompu ses opérations de sauvetage au large de la Libye il y a un mois, l'Aquarius s'apprête à reprendre ses activités, a indiqué à la RTS Caroline Abu Sa'da, directrice de l'antenne suisse de l'ONG SOS Méditerranée.

En juin dernier, le sort de l'Aquarius, de SOS Méditerranée, avec ses 630 migrants à bord, a déchiré les Européens. Refusé par l'Italie et Malte, il a finalement accosté le 17 juin à Valence, en Espagne. Actuellement, le navire se trouve dans le sud de la France, à Marseille.

"Habituellement, notre port d'attache est Catane, en Sicile, mais il est fermé depuis quelques semaines. Nous avons donc décidé de faire une escale technique à Marseille, car cela nous permet de revoir les scénarios opérationnels par rapport à la situation actuelle", explique Caroline Abu Sa'da. Ces scénarios, admet-elle, restent encore très flous. "Il y a eu passablement de déclarations d'intention, notamment suite au Conseil européen le 28 et 29 juin derniers. Pour l'instant, il n'y a rien de clair."

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Hausse des morts et coûts supplémentaires

Depuis l'arrêt des opérations des bateaux de sauvetage, des centaines de migrants ont perdu la vie en Méditerranée, déplore Caroline Abu Sa'da. Et de préciser: "Il y a eu plus de 1000 morts sur les quatre dernières semaines". Cela pousse SOS Méditerranée à vouloir reprendre ses activités le plus rapidement possible. "On va probablement repartir la semaine prochaine ou en début de semaine d'après. Marseille restera notre port d'attache pour le moment et on verra comment on arrive à débarquer les gens."

L'Espagne pourrait être une solution. "Le pays a fait preuve d'ouverture en accueillant plus de 16'000 personnes cette année, soit davantage que l'Italie", dit-elle. Cette option implique toutefois des coûts imprévus: "Un trajet aller-retour entre Marseille et Valence représente huit jours de navigation supplémentaires et toute une série de coûts qui n'avaient pas été anticipés."

Caroline Abu Sa'da se déclare par ailleurs sceptique concernant le projet de "plateformes de débarquement" en Afrique des migrants secourus, proposé par l'Union européenne: "On n'a pas vraiment de détails pour l'instant. Il y a très peu de pays candidats pour ces plateformes. Il ne faut donc pas s'enthousiasmer."

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"Dès que l'UE trouve une solution, on arrête"

Que répond-elle à ceux qui dénoncent les activités des bateaux humanitaires qui joueraient le jeu des passeurs? "C'est un mythe. Actuellement, il n'y a absolument aucun bateau d'ONG en Méditerranée. Or, il y a quand même des départs tous les jours. La seule différence lorsqu'il n'y a pas d'ONG actives, c'est que le nombre de morts augmente drastiquement. On a déjà observé ce phénomène à la fin de l'opération officielle italienne Mare Nostrum."

Elle précise enfin que SOS Méditerranée est prête à cesser ses activités dès qu'une solution sera trouvée au niveau européen. "Depuis notre création en 2015, nous avons toujours dit que nous n'étions qu'un palliatif. Dès le moment où l'Union européenne décide de mettre en place un système institutionnel de sauvetage, on arrête".

Propos recueillis par Pietro Bugnon

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"Je ne peux pas blâmer le ministre italien Matteo Salvini"

La situation politique en Europe s'est crispée depuis l'arrivée au pouvoir en Italie du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, qui a fermé les ports aux migrants. Caroline Abu Sa'da dit comprendre sa démarche: "Je ne peux pas le blâmer. Cela fait des années que les différents gouvernements en Italie tirent la sonnette d'alarme auprès de l'UE. Or, cette dernière a soigneusement détourné les yeux."

Et d'ajouter: "Cela me fait mal de le dire, mais il a quand même réussi à remettre le débat sur la table au niveau de l'Union européenne."

Elle déplore toutefois la méthode Salvini: "Il a raison sur le fond, mais la façon dont cela a été conduit en prenant en otage 630 personnes qui viennent d'être repêchés par l'Aquarius, n'est pas bonne."