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"La lutte contre le plastique passe par la fin de la 'logique de supermarché'"

L'invité de la rédaction (vidéo) - Libero Zuppiroli, professeur honoraire à l'EPFL, spécialiste du plastique
L'invité de la rédaction (vidéo) - Libero Zuppiroli, professeur honoraire à l'EPFL, spécialiste du plastique / La Matinale / 8 min. / le 17 juillet 2018
Interdiction des pailles, des cotons-tiges, des assiettes jetables: les initiatives se multiplient pour limiter l'usage des plastiques dans le monde. Pour le professeur Libero Zuppiroli, ces mesures sont utiles, mais elles sont loin d'être suffisantes.

Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en France ou en Suisse, les pailles jetables - de même que d'autres petits objets à usage unique - sont dans le viseur des politiques qui entendent légiférer contre l'utilisation excessives des plastiques. "Toute mesure prise pour faciliter la prise de conscience du problème posé par les emballages me paraît extrêmement importante", se réjouit Libero Zuppiroli, invité de La Matinale de RTS La Première.

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Le professeur honoraire de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) décèle néanmoins dans certaines de ces initiatives des "coups médiatiques", à l'instar de la décision de

, qui a récemment annoncé son intention de bannir les pailles en plastique d'ici 2020. D'autres enseignes, comme McDonald's, envisagent aussi de se passer de ces objets.

L'"agriculture globale" visée

Aussi utiles qu'elles soient, ces mesures peuvent toutefois avoir des effets pervers, note cependant Libero Zuppiroli. "En multipliant les mesures législatives dans tous les pays pour des petites choses", on risque selon lui de passer à côté des "vraies raisons" qui expliquent l'importance de la consommation de plastiques dans le monde, évaluée à 350 millions de tonnes par année.

"Tout ce plastique, dont une bonne partie - environ 30% - sert pour des emballages jetables, est lié à un mode de consommation tout à fait généralisé", affirme cet expert, qui pointe du doigt la "logique de supermarché" et l'"agriculture globale". Il s'agit de consommer "ce que les paysans locaux produisent", selon lui. "Sinon, vous êtes dans une logique du plastique jetable."

Changer le mode de consommation

Pour ce spécialiste de la physique des matériaux, c'est donc plus fondamentalement notre mode de consommation qu'il faut remettre en question. Selon lui , il ne suffit pas de miser sur le recyclage ou sur l'avènement des bioplastiques - qui font appel à des procédés industriels et technologiques trop coûteux - pour régler le problème.

Reste que Libero Zuppiroli continue de croire au développement durable, "une utopie qu'il faut prendre non pas dans le sens d'un projet foireux, mais dans le sens d'une belle histoire qu'on raconte et qui permet de promettre un avenir meilleur pour l'humanité". Il remarque toutefois que le développement durable, en Suisse comme ailleurs, passe toujours derrière la préservation des intérêts économiques à court terme.

>> La Suisse et ses objectifs en matière de développement durable :

L'éclairage d'actualité (vidéo) - Doris Leuthard présente le rapport suisse de l'Agenda 2030 devant l'ONU
L'éclairage d'actualité (vidéo) - Doris Leuthard présente le rapport suisse de l'Agenda 2030 devant l'ONU / La Matinale / 6 min. / le 17 juillet 2018

Propos recueillis par Coralie Claude/dk

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