Situation rarissime, l'Assemblée nationale française est paralysée depuis les révélations du journal Le Monde sur les agissements lors des manifestations du 1er Mai d'Alexandre Benalla, homme de confiance du président Emmanuel Macron.
Les députés de droite et de gauche, qui dénoncent désormais une "affaire Macron", ont obtenu que la commission des lois de l'Assemblée se constitue en commission d'enquête pour mettre au jour les rouages de cette affaire qui implique les plus hautes instances de l'Etat.
Estimant que l'essence même du projet de loi pour "une démocratie plus représentative, responsable et efficace" est en cause dans l'affaire Benalla, les élus de l'opposition - qui voient par ailleurs dans ce texte un abaissement des droits du Parlement - ont dénoncé les "mensonges" ou le silence "complice", selon eux, du gouvernement et de la majorité La République en Marche (LREM).
Ils réclament désormais que l'exécutif s'explique devant la représentation nationale.
Le ministre Gérard Collomb entendu lundi et mardi
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sera entendu lundi à partir de 10h00 par la commission d'enquête lors d'une audition publique. Il le sera mardi après-midi par la commission des lois du Sénat, également constituée en commission d'enquête.
Embarrassée, la majorité fustige une tentative d'"obstruction" et l'"instrumentalisation" d'une affaire "individuelle". Mais face au feu roulant des attaques, la ministre de la Justice Nicole Belloubet s'est résignée dimanche à suspendre les travaux.
Le président de l'Assemblée François de Rugy (LREM) a ensuite annoncé que l'examen du texte constitutionnel reprendrait lundi à 16h00, horaire auquel était initialement prévu l'examen du projet de loi "avenir professionnel".
L'enquête confiée à un juge d'instruction
Le parquet de Paris a par ailleurs annoncé dimanche l'ouverture d'une information judiciaire confiée à un juge d'instruction, notamment pour "violences en réunion" et "immixtion dans l'exercice d'une fonction publique", après les violences commises le 1er mai à Paris.
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Trois jours après l'ouverture d'une enquête préliminaire, devenue dimanche information judiciaire, le parquet a également requis le placement sous contrôle judiciaire des cinq suspects en garde à vue jusqu'à samedi soir.
Concernant Alexandre Benalla, ex-chargé de mission à l'Élysée, et Vincent Crase, employé du parti présidentiel LREM, le parquet a notamment demandé l'interdiction d'exercer une fonction publique ou une mission de service public.
reuters/afp/tmun
Retour sur une affaire devenue crise politique
Alexandre Benalla et Vincent Crase ont été filmés en train de frapper et malmener des manifestants le jour de la Fête du travail à Paris, alors qu'ils accompagnaient les forces de l'ordre en tant qu'"observateurs". Si Alexandre Benalla a été discrètement mis à pied pendant 15 jours en mai, la justice n'a pas été saisie et ce n'est que vendredi dernier qu'il a été licencié.
Outre Alexandre Benalla et Vincent Crase, trois policiers hauts gradés soupçonnés d'avoir transmis au collaborateur de l'Elysée des images de vidéosurveillance devraient également être présentés dans la journée à un juge d'instruction.