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L'affaire Benalla se rapproche du président français Emmanuel Macron

Affaire Benalla: Le Ministre de l'Intérieur et le Préfet de police renvoient à la responsabilité de l'Elysée
Affaire Benalla: Le Ministre de l'Intérieur et le Préfet de police renvoient à la responsabilité de l'Elysée / 19h30 / 2 min. / le 23 juillet 2018
Deux personnalités clés dans l'affaire Benalla, le ministre de l'Intérieur et le préfet de police, ont désigné l'Elysée comme étant responsable de la mauvaise gestion du cas de cet ancien collaborateur du chef de l'Etat.

Cette affaire ébranle tout le gouvernement français. "Je me suis assuré que le directeur de cabinet de la présidence, employeur de M. Benalla, avait été informé de la situation et que celle-ci était prise en compte", a déclaré sous serment le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, un des poids lourds du gouvernement, soumis lundi à un feu roulant de questions devant une commission d'enquête parlementaire.

"On m'a reproché de ne pas avoir saisi le procureur de la République (...) mais ce n'est pas au ministre qu'il appartient de le faire", a encore dit Gérard Collomb.

Dans l'après-midi, le préfet de police Michel Delpuech, qui a autorité à Paris où se sont déroulés les faits reprochés à Alexandre Benalla, a déclaré devant la même commission que pour lui aussi, "le sujet Benalla était traité par l'autorité hiérarchique dont il dépendait", donc la présidence.

Ces deux hauts responsables renvoient ainsi la balle à l'entourage du président Macron, resté silencieux en pleine tempête politique et médiatique depuis les révélations du journal Le Monde la semaine dernière.

Une tempête politique

Le 1er mai à Paris, Alexandre Benalla, un proche collaborateur d'Emmanuel Macron chargé de sa sécurité, a molesté des manifestants tandis qu'il était présent en tant qu'observateur dans le dispositif policier. L'Elysée l'a rapidement mis à pied pendant deux semaines, sans pour autant prévenir les autorités judiciaires de ces violences illégitimes.

Je l'avais rencontré mais j'ignorais sa qualité de conseiller du président

Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur

Gérard Collomb a précisé n'avoir jamais été informé du statut d'observateur d'Alexandre Benalla au sein des effectifs policiers lors des manifestations du 1er mai. "Je l'avais rencontré mais j'ignorais sa qualité de conseiller du président", a-t-il précisé par ailleurs.

Depuis que l'affaire a éclaté, la présidence a annoncé une procédure de licenciement et la justice s'est emparée du dossier. Cinq personnes, dont Alexandre Benalla, ont été inculpées.

>> Lire : Alexandre Benalla mis en examen par la justice française

"Dérives inacceptables" et "copinages malsains"

"Fondamentalement, ces événements résultent de dérives individuelles inacceptables, condamnables, sur fond de copinages malsains", a dénoncé Michel Delpuech, qui affirme avoir été informé de l'existence de la vidéo sur Alexandre Benalla par un adjoint du directeur de cabinet de l'Elysée.

De quoi faire aussitôt réagir le leader de France insoumise de Jean-Luc Mélenchon sur Twitter:

Nouvelles auditions en vue

Le directeur de cabinet de l'Elysée, un des plus proches collaborateurs d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, se retrouve désormais en première ligne. Il sera auditionné jeudi matin par la commission des lois du Sénat français.

Elle interrogera également le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler, plus proche collaborateur du président Emmanuel Macron, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et le secrétaire d'État Christophe Castaner, entendu en tant que délégué général de La République en marche, le parti présidentiel.

L'Elysée reste discret

La présidence française a tenté de reprendre la main en annonçant une réorganisation pour éviter de nouveaux dysfonctionnements" et en promettant que le chef de l'Etat allait sortir de son silence.

"Quand l'ensemble des éléments seront établis, le président s'exprimera.(...) Il décidera et le dira", indiquait son entourage dès dimanche soir, précisant que le chef de l'État, confronté à sa plus grave crise depuis son arrivée au pouvoir, avait qualifié d'"inacceptables" les faits reprochés à son ex-collaborateur, filmé le 1er mai en train de frapper des manifestants.

L'Elysée a par ailleurs annulé lundi le déplacement d'Emmanuel Macron sur le Tour de France cycliste, assurant toutefois que ce changement de programme n'a "rien à voir" avec l'affaire Benalla.

>> Les précisions d'Adeline Precept, à Paris, dans le 19h30 :

Affaire Benalla: la pression s'accentue sur Emmanuel Macron. Le Président affronte une violente crise politico-judiciaire
Affaire Benalla: la pression s'accentue sur Emmanuel Macron. Le Président affronte une violente crise politico-judiciaire / 19h30 / 2 min. / le 23 juillet 2018

>> L'analyse de Jean-Philippe Schaller, chef de la rubrique internationale, au 12h45 :

Jean-Philippe Schaller "Emmanuel Macron fait preuve d'une étrange mansuétude. Le dégât d'image risque d'être important."
Jean-Philippe Schaller "Emmanuel Macron fait preuve d'une étrange mansuétude. Le dégât d'image risque d'être important." / 12h45 / 1 min. / le 23 juillet 2018

afp/reuters/mre/jgal

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Benalla dénonce une "utilisation médiatique et politique" de ses actes

Alexandre Benalla a dénoncé lundi "l'utilisation médiatique et politique" de son intervention contestée le 1er mai à Paris, qu'il a expliquée par la volonté de "prêter main forte" aux policiers face aux manifestants, dans un communiqué de ses avocats.

Dans ce communiqué révélé par la télévision LCI/TFI, Alexandre Benalla, inculpé dimanche notamment de "violences en réunion", raconte avoir repéré ce jour-là "deux individus particulièrement virulents" et avoir voulu aider à "la maîtrise de ces personnes", comme le permet, à ses yeux, un article du code de procédure pénale.

"Cette initiative personnelle", selon lui, "sert manifestement aujourd'hui à porter atteinte à la présidence de la République dans des conditions qui défient l'entendement".