A 40 ans, Louise Brown est un symbole. Cette mère de deux enfants, conçus naturellement, en a bien conscience: "La fécondation in vitro ne fait pas que créer des vies. Elle crée de l'espoir, de la joie et elle crée aussi des familles et des générations", affirme celle qui fut le premier bébé conçu par fécondation in vitro (FIV), c'est-à-dire par l'association de l'ovule et des spermatozoïdes en laboratoire.
Filmée, sa naissance le 25 juillet 1978 était un événement. Une avancée majeure pour tous les couples infertiles, qui a ouvert des perspectives alors inédites aux spécialistes de la reproduction.
Car jusque-là, les seuls traitements consistaient à "stimuler une ovulation pour les femmes qui n'ovulaient pas. Pour les hommes, il n'y avait pas de solution efficace à l'infertilité", affirme à la RTS Nicole Fournet Irion, gynécologue spécialiste en médecine de la reproduction.
Inquiétudes
A l'époque, ce premier "bébé-éprouvette" ravit autant qu'il inquiète. Les enfants conçus par fécondation in vitro se développeront-ils normalement? Pourront-ils donner naissance sans recours à un laboratoire?
Depuis, les réponses ont été rassurantes: 6 millions d'enfants sont nés grâce à cette méthode, qui n'a cessé de s'améliorer. Pour autant, on ne peut pas encore parler de banalisation. Au contraire. Cette question s'est encore "complexifiée", souligne Nicole Fournet Irion: "On a actuellement une plus grande panoplie d'options à offrir et les gens sont beaucoup mieux informés".
Sans négliger que le fait de concevoir un enfant in vitro demeure un processus long, exigeant et coûteux.
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Marie-Emilie Catier/Fanny Moille/fme
Les Suisses ont dû attendre 1985
En Suisse, il a fallu attendre 1985 pour assister à la naissance du premier "bébé-éprouvette" conçu dans les laboratoires de l'hôpital de Locarno. Si à l'époque, la petite Yelena est une exception, aujourd'hui, un enfant sur 50 naît suite à une fécondation in vitro (FIV) et l'âge moyen des couples est de 36 ans pour les femmes et 39 ans pour les hommes.
Depuis 2010, le nombre de FIV stagne en Suisse. Après avoir quasiment doublé en 10 ans, leur nombre a baissé et s'est stabilisé autour des 6000 par an.
Un paradoxe, si l'on considère que de plus en plus de couples sont confrontés à des soucis d'infertilité.
Loi suisse restrictive
L'explication tient notamment à la loi suisse sur la procréation médicalement assistée, qui est beaucoup plus restrictive que dans d'autres pays. Le don d'ovocytes est interdit et le don de sperme est réservé aux couples hétérosexuels et mariés.
De plus, la FIV n'est pas remboursée en Suisse et coûte entre 5000 et 8000 francs. Les Suisses en mal d'enfants sont par conséquents toujours plus nombreux à se rendre dans des cliniques en Espagne, en Belgique ou encore en République Tchèque. Mais à ce jour, il n'existe aucune étude quantifiant ce tourisme de la procréation. Impossible donc de savoir combien de bébés nés en Suisse ont été conçus à l'étranger.
Le chiffre officiel d'une naissance sur 50 qui serait due à une FIV pourrait donc être bien inférieur à la réalité.