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Assèchement du Doubs: "Dans 20 ans, l'eau vaudra plus cher que le pétrole"

Le Doubs au plus bas lors de la canicule de 2003. [Keystone - Sandro Campardo]
Quelles leçons tirer de la sécheresse du Doubs? Interview d'Alexandre Cheval / La Matinale / 5 min. / le 31 juillet 2018
Une réunion d'urgence est prévue mardi pour évoquer l'assèchement du Doubs entre Pontarlier et Morteau, en France voisine. Du jamais vu depuis plus de 40 ans, selon un garde-pêche de la fédération départementale.

"Je crois que l'on avait pas vu cela depuis l'été 1976", explique mardi dans La Matinale de la RTS Alexandre Cheval, chargé de développement à la Fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques du Doubs. "Côté suisse, il n'y a pas l'air d'avoir le même problème, mais on sait que les niveaux d'eau sont relativement bas."

"Tous les pays européens peuvent être concernés par cette situation", ajoute Alexandre Cheval. "Chez nous, c'est particulier, l'eau s'en va aussi en raison de failles. On voit également les effets du réchauffement climatique dans la mesure où les précipitations annuelles ne sont plus du tout les mêmes aujourd'hui qu'il y a 20 ou 30 ans (...) Mais il faut aussi voir les actions entre pics sur ces secteurs, avec l'agriculture, l'urbanisation, l'étanchéification des sols. On a passé notre temps ces 60 dernières années à détruire tout ce qui était zone humide", regrette-t-il, évoquant ces zones tampons qui normalement restituent de l'eau dans les cours.

Toucher au portefeuille des consommateurs

"Souvent, nos politiques ou nous-mêmes avons tendance à nous décharger en disant que c'est la faute au réchauffement climatique, mais nous sommes aussi responsables, et pas seulement les entreprises", poursuit Alexandre Cheval, qui évoque pour solution celle de toucher au portefeuille des consommateurs pour qu'ils consomment moins.

L'appellation "or bleu" prend ainsi toute sa signification quand on constate sa raréfaction dans des cas comme celui-ci, conclut l'expert: "Tant que l'eau sort du robinet, la plupart des gens ne se posent pas de questions. Mais nous, en tant que professionnels, on s'aperçoit que les 10, 15 ou 20 prochaines années, l'eau vaudra plus cher que le pétrole."

Propos recueillis par Coralie Claude/jzim

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