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Le manque d'entretien du réseau routier italien pointé du doigt

Italie: au-delà du Pont Morandi, c'est l'ensemble du réseau routier italien qui est pointé du doigt pour entretien insuffisant.
Italie: au-delà du Pont Morandi, c'est l'ensemble du réseau routier italien qui est pointé du doigt pour entretien insuffisant. / 19h30 / 1 min. / le 14 août 2018
Au lendemain de l'effondrement d'une partie du pont Morandi à Gênes, plusieurs experts mettent en cause les problèmes structurels de l'ouvrage ainsi qu'un sous-investissement chronique dans les infrastructures publiques dans la Péninsule.

Le pont Morandi, long de 1,18 km, est un ouvrage en béton inauguré en 1967 qui a connu selon les experts des problèmes structurels dès sa construction et faisait l'objet d'un coûteux entretien lié en particulier aux fissures et à la dégradation du béton.

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D'importants travaux de rénovation ont été menés en 2016 sur l'ouvrage. Selon la société italienne des autoroutes, "des travaux de consolidation étaient en cours sur la base du viaduc", qui faisait l'objet "d'activités constantes d'observation et de vigilance".

Le ministre italien des Transports, Danilo Toninelli, a annoncé mercredi matin un audit général des ponts et des tunnels vieillissants dans toute l'Italie.

Des problèmes connus

Ce pont à Gênes était connu pour sa construction vulnérable, nécessitant un travail d'entretien à la hauteur, selon Eugen Brühwiler, responsable du Laboratoire de maintenance, construction et sécurité des ouvrages à l'EPFL, interrogé par la RTS dans le 19h30.

"Les collègues italiens connaissent très bien les questions qui se posent avec leurs viaducs. Mais, reste une interrogation: est-ce qu'ils interviennent au moment opportun?". En Suisse, une inspection principale des ponts est menée tous les cinq ans. Les aspects de construction les plus critiques sont passés en revue, notamment les joints de dilatation. C'est ainsi qu'on peut adapter les infrastructures soumises à des charges toujours plus lourdes.

Prof. Eugen Brühwiler "Cette construction est connue pour être délicate. Elle nécessite de gros travaux d'entretien."
Prof. Eugen Brühwiler "Cette construction est connue pour être délicate. Elle nécessite de gros travaux d'entretien." / 19h30 / 3 min. / le 14 août 2018

Une catastrophe "choquante"

Cette catastrophe est choquante et "ne devrait pas arriver", a précisé Eugen Brühwiler dans l'émission CQFD. L'expert relève qu'il y avait certainement des signes annonciateurs, comme des dégâts de corrosion et que, comme sur tous les ouvrages, "des détails constructifs" sont plus vulnérables. En l'occurrence, il évoque de possibles infiltrations d'eau à travers des joints de dilatation, des éléments "très vulnérables". "Et on sait très bien que si ce détail constructif lâche, une grande partie du pont peut tomber".

Le problème fondamental de la corrosion de l'armature n'était pas connu dans les années 1960. Mais depuis les années 1980, "normalement on a pris les mesures pour améliorer les ouvrages et résister au sel de déverglaçage ou aux embruns d'eau de mer dans ce cas-là".

Sous-investissement chronique

De son côté, Hervé Rayner, maître d'enseignement et de recherches à l'université de Lausanne, spécialiste de l'Italie estime dans La Matinale que l'effondrement du pont Morandi à Gênes est symptomatique d'un sous-investissement chronique dans les infrastructures publiques dans la Péninsule.

Hervé Rayner. [RTS]RTS
Interview d'Hervé Rayner, spécialiste de l'Italie, sur l'effondrement du viaduc à Gênes / La Matinale / 8 min. / le 15 août 2018

"L'Etat italien a longtemps investi dans ses infrastructures, depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à fin 1960. La dépense pour les infrastructures a passé de 2,5% du PIB italien jusqu'aux années 1970 à 1%, voire même un peu moins de 1%", explique-t-il.

Le spécialiste pointe aussi une "difficulté à se projeter et investir", partagée par les politiques et aussi par les entreprises italiennes. "Il y a une difficulté à miser sur la longue durée", indique Hervé Rayner, qui rappelle aussi que les gouvernements restent en place entre 12 et 15 mois dans le pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Selon certaines estimations, la facture de la remise en état du réseau routier italien approcherait les 45 milliards de francs.

cab avec les agences

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Pas de risque de ce type en Suisse

De l'avis du directeur de l'Office fédéral des routes (OFROU), les ponts suisses des années 1960 ne représentent pas de danger particulier. Ils font l'objet d'inspections régulières, tous les cinq ans.

En Suisse, il y a aussi des ponts datant des années 1960. Mais selon Jürg Röthlisberger, directeur de l'OFROU, cela ne pose pas de problème. "Il n'y a pas de ponts vieux ou modernes. L'essentiel réside plutôt dans l'entretien continu de ces infrastructures", a-t-il expliqué mardi dans l'émission 10 vor 10 de la SRF.

Les ponts de conception des années 1960 ne représentent pas plus de danger que d'autres. Ils sont adaptés aux nouvelles normes de sécurité, ajoute-t-il. Et le directeur se dit convaincu que les Italiens procèdent aux mêmes ajustements qu'en Suisse, "mais c'est peut-être une question de financement".