Visiblement ému et butant à l'occasion sur les mots, Imran Khan a solennellement pris l'engagement de "faire preuve d'une foi sincère et de fidélité au Pakistan" et d'agir "toujours dans l'intérêt de la souveraineté, de l'intégrité" du pays.
L'ancien champion, âgé de 65 ans, avait été élu la veille par l'Assemblée nationale. Il avait obtenu les voix de 176 députés, soit quatre de plus que nécessaire. Devenu ainsi le 22e Premier ministre du pays, il prendra la tête d'un gouvernement de coalition.
"Un nouveau Pakistan"
L'ex-champion a promis l'avènement d'un "nouveau Pakistan". Dans un discours prononcé vendredi peu après son élection, il a promis "d'apporter le changement dont cette nation avait tant besoin". "Pour commencer, nous allons rendre les gens strictement responsables de leurs actes. Je m'engage devant Dieu à ce que quiconque a pillé ce pays en soit tenu responsable", a-t-il lancé.
Imran Khan a promis durant la campagne de combattre la corruption et de lutter contre la pauvreté. Il entend notamment créer des millions d'emplois et rénover le système scolaire (l'illettrisme frappe plus de 40% des 208 millions de Pakistanais) et les hôpitaux du pays.
Prestigieux invités
La cérémonie de prestation de serment s'est déroulée au palais présidentiel devant un large parterre de dignitaires pakistanais et étrangers dont des diplomates, artistes et militaires. Toute l'équipe de cricket pakistanaise championne du monde en 1992 sous le capitanat d'Imran Khan, ainsi que quelques joueurs indiens, y avaient été conviés.
La nouvelle Première Dame du Pakistan, Bushra Bibi, couverte d'un niqab blanc ne laissant voir que ses yeux, a fait sa première apparition publique depuis leur mariage au début de l'année.
Le parti d'Imran Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), avait largement remporté les législatives du 25 juillet. Mais il n'avait pas obtenu assez de sièges pour pouvoir former à lui seul le gouvernement. Depuis, les négociations avec d'autres partis et élus indépendants ont permis de mettre sur pied une coalition. L'opposition contrôle le Sénat.
Changement politique
La victoire de M. Khan ouvre une nouvelle ère politique pour le pays, interrompant des décennies d'alternance politique entre le PML-N et le Parti du peuple pakistanais (PPP), entrecoupée de périodes de pouvoir militaire.
Aucun Premier ministre pakistanais n'est jusque ici allé au terme d'une législature (cinq ans) dans ce pays, qui a été dirigé par l'armée pendant près de la moitié de son histoire mouvementée.
Défis importants
Imran Khan est idolâtré par des millions de Pakistanais pour avoir mené l'équipe nationale de cricket, sport roi dans le pays, à sa seule victoire en Coupe du monde en 1992. Connu en Occident comme un ancien sportif d'exception aux nombreuses conquêtes, il présente aujourd'hui un visage beaucoup plus conservateur au Pakistan, où il s'affiche souvent un chapelet à la main.
Parmi les principaux défis qui attendent son gouvernement figurent la situation sécuritaire du pays, en amélioration mais toujours précaire dans certaines zones et une population en pleine expansion.
Il fera aussi face à une situation économique dégradée, qui pourrait le contraindre à requérir très rapidement un prêt du Fonds monétaire international (FMI), et à d'énormes problèmes de ressources en eau.
afp/jgal
Premières nominations
Quelques heures après cette prestation de serment, les services de Khan ont publié une liste partielle des membres de son gouvernement. Le portefeuille des finances revient à Asad Umer, ancien patron de la multinationale pakistanaise Engro.
Le vice-président du PTI, Shah Mehmood Qureshi, hérite du ministère des Affaires étrangères. L'ancien Premier ministre de la province de Khyber Pakhtunkhwa (nord), Pervez Khattak, récupère le ministère de la Défense.