"Ce prêtre est entré dans ma chambre à cinq heures du matin et il m'a violé"

Le pape François a exprimé en fin de semaine sa "honte" et son "chagrin" face au scandale de pédophilie qui secoue l'Eglise catholique aux Etats-Unis. Un rapport du procureur de Pennsylvanie a révélé que trois cents prêtres ont violé ou abusé un millier d'enfant, tout en étant systématiquement couverts par leur hiérarchie.

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David Lorenz, un Américain de 59 ans et ingénieur de la NASA, est à la tête d'un groupe d'aide aux victimes de prêtres pédophiles. Après les récentes révélations, c'est une partie de sa propre histoire, similaire aux événements de Pennsylvanie, avec un prêtre désormais condamné, qui refait surface.

"Il a commencé à m'attraper"

"Ce prêtre était aimé par tout le monde, il était comme un guide pour les gens. (...) Ce n'était pas inhabituel qu'on se retrouve tous dans sa maison", explique-t-il dans l'émission Tout un monde de la RTS. "Nous avons eu une fête à l'occasion de son départ et j'ai décidé que j'allais passer la nuit dans sa maison."

Le prêtre qui a violé David, 16 ans à l'époque des faits, célébrait ainsi justement son transfert dans un diocèse de Pennsylvanie.

"C'était 5 heures du matin, les premières lueurs du jour. Il est entré dans ma chambre. Il a commencé à m'attraper et m'embrasser et ensuite il m'a sodomisé. Quand ça a commencé, j'étais pétrifié. Dans ma tête, je ne savais pas comment le faire stopper. (...) Et quand il a commencé à faire ça…. je voulais dire non mais je ne savais pas comment  faire."

Un nombre de victimes largement sous-évalué

Alors que le rapport du procureur évoque trois cents prêtres et un millier de victimes, David Lorenz estime que ce nombre est largement sous-estimé.

"Ces deux derniers jours, j'ai déjà reçu trois appels de personnes abusées qui n'en ont encore jamais parlé à personne. Et certains de mes collègues des groupes d'aide aux victimes ont même reçu encore plus d'appels. (...) Il y a des gens de tout le pays", souligne l'ingénieur.

"En Pennsylvanie, il est certain qu'il y a plus de mille victimes", calcule David Lorenz. "Trois cents prêtres accusés et mille enfants, ça représente 3,3 victimes par prêtre et c'est complètement sous-estimé par rapport au nombres de victimes liées généralement à un abuseur. Un abuseur, en moyenne, abuse de cent enfants, voire plus. (...) Je dirais qu'on on peut facilement multiplier ce nombre de mille victimes au moins par dix, si ce n'est plus."

Propos recueillis par Raphaël Grand

Adaptation web: Eric Butticaz