"L'Union européenne a décidé de tourner le dos à l'Italie encore une fois", a écrit vendredi le vice-Premier ministre italien Luigi di Maio sur Facebook, ajoutant que son pays n'avait pas d'autre choix que de "prendre de manière unilatérale, une mesure compensatrice".
"Nous sommes prêts à réduire les fonds que nous donnons à l'Union européenne", a ajouté le leader du Mouvement 5 Etoiles (antisystème), soulignant que l'Italie n'accepterait plus d'être "humiliée". Une menace que le ministre avait déjà évoquée la veille.
Réunis à Bruxelles pour trouver une solution à la crise des migrants recueillis à bord du Diciotti, un bateau des gardes-côtes italiens, les représentants de dix Etats membres de l'UE se sont en effet séparés sans résultat.
"L'Italie faisait pression en faveur d'une solution pour le Diciotti, mais ce n'était pas l'élément le plus important pour les autres. Ils voulaient plutôt parler de solutions structurelles pour les navires de Méditerranée. Il n'y a donc pas eu d'accord sur le Diciotti", a expliqué un diplomate.
Des menaces jugées inutiles par l'UE
La Commission européenne a de son côté estimé que les menaces n'avaient aucune utilité dans le débat. "Trouver une solution pour les gens à bord est notre principale priorité. C'est ce sur quoi nous nous focalisons et c'est ce sur quoi nous pensons que chacun devrait se focaliser", a répondu Alexander Winterstein, porte-parole de la Commission.
"Ne nous lançons pas dans des accusations mutuelles. Nous croyons aussi que les déclarations non constructives, a fortiori les menaces, ne sont pas utiles et qu'elles ne nous rapprocheront pas d'une solution", a-t-il poursuivi. "L'Union européenne est une communauté de règles et elle fonctionne sur la base des règles, pas des menaces."
Des migrants en grève de la faim
Le bateau à bord duquel se trouvaient 177 migrants a pu accoster lundi soir dans le port de Catane en Sicile. Vingt-sept mineurs ont été autorisés à débarquer tard mercredi soir, mais pas les 150 adultes qui sont toujours confinés à bord, l'Italie refusant de les accueillir.
Davide Faraone, député du Parti démocrate qui est allé constater leurs conditions de vie, a annoncé vendredi qu'ils avaient entamé une grève de la faim.
L'affaire du Diciotti illustre à nouveau les tensions entre Rome et ses partenaires européens depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition début juin. L'Italie, où plus de 650'000 migrants ont débarqué depuis 2014, "ne sera plus le camp de réfugiés de l'Europe", ne cesse d'affirmer Matteo Salvini, vice-président du Conseil et numéro un de la Ligue, parti d'extrême droite.
agences/tmun
La France pousse à la création d'un "mécanisme européen pérenne"
La France espère la mise en place d'un "mécanisme européen coordonné pérenne" pour une répartition des migrants arrivant par mer, avec la participation de l'Italie, malgré le refus actuel de Rome, a indiqué l'Elysée vendredi.
"L'idée est de ne pas rester à onze ou douze, mais d'avoir de plus en plus de pays qui participent et, à terme, d'avoir application par les 28 de tous les éléments de l'accord conclu au Conseil européen" de juin, a indiqué la France.