"Il faut dialoguer et comprendre, mais ne pas condamner. Je ne dirai jamais que le silence est un remède. Ignorer son fils ou sa fille qui a des tendances homosexuelles est un défaut de paternité ou de maternité", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse dimanche dans l'avion qui le ramenait d'Irlande à Rome.
Le souverain pontife a estimé qu'il fallait tenir compte de l'âge des personnes. "Quand cela se manifeste dès l'enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses. C'est autre chose quand cela se manifeste après vingt ans", a-t-il poursuivi.
Déclaration corrigée par le Vatican
Le Vatican a toutefois retiré lundi la référence à la "psychiatrie" dans la déclaration faite la veille par le pape François, soulignant que le souverain pontife ne voulait pas évoquer cette question comme "une maladie psychiatrique".
Ce n'est pas la première fois que le Vatican retouche des déclarations faites par le pape, lors de la traditionnelle conférence de presse qu'il donne dans l'avion du retour de ses voyages à l'étranger.
Réactions courroucées
Les propos du pape, qualifiés de "réactionnaires" et "homophobes" par de nombreux internautes, ont suscité une avalanche de réactions atterrées sur les réseaux sociaux. "Combien de jeunes vont devoir en subir les conséquences dans leur famille? Combien de suicides? Comportement irresponsable et sans amour de son prochain", peut-on notamment lire sur Twitter.
Les propos du pape ont été qualifiés d'"irresponsables" par les associations de défense des droits des personnes LGBTI, qui ont rappelé dans un communiqué que "l'homosexualité n'est pas une maladie".
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Les internautes n'ont pas manqué de mettre en perspective ces propos sur l'homosexualité avec le silence assumé du pape sur des accusations d'un prélat qui l'accuse d'avoir couvert un éminent cardinal américain soupçonné d'abus sexuels.
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Des médias ont également souligné la position ambivalente du souverain pontife face à l'homosexualité, qui a oscillé, en cinq ans, entre formules de tolérance et d'acceptation d'une part, et la dénonciation de "styles de vie anormaux" d'autre part.
Invité dans La Matinale de la RTS, André Varidel, président de l'association C + H, qui regroupe les homosexuel(le)s chrétiens romands, estime que beaucoup d'attentes ont été portées sur ce pape vu comme progressiste, "mais on a un petit peu l'impression qu'on s'est fait tromper sur la marchandise...". Même si l'Eglise catholique n'avance pas sur le plan de la doctrine, des progrès sont faits sur le plan de la pastorale: "C'est juste sur le terrain qu'il y aura des évolutions. La doctrine pour le moment ne bouge pas d'un iota, et c'est dommage."
"Ce que dit le pape François contre le rejet est très important, parce que le rejet d'enfants en raison de leur orientation sexuelle est encore quotidien (...), mais on attend encore quelque chose de plus du pape."
agences/kkub
La psychiatrie... ou l'homéopathie
Au début du mois d'août, un homéopathe français exerçant à Genève et à Lausanne suscité un tollé en proposant un traitement visant à "guérir" de l'homosexualité.
L'offre du praticien - entretemps suspendu par la Fondation suisse pour les médecines complémentaires et frappé par une enquête du Département genevois de la Santé - avait provoqué l'ire du corps médical ainsi que des des associations LGBTI.