Nicolas Hulot était l'un des membres les plus populaires du gouvernement. Son départ est un coup dur pour le président Emmanuel Macron.
"Je prends la décision de quitter le gouvernement", a-t-il déclaré la gorge nouée sur France Inter, après avoir confié qu'il se sentait "tout seul à la manoeuvre" sur les enjeux environnementaux au sein du gouvernement.
"Je ne veux pas donner l'illusion que ma présence au gouvernement signifie qu'on est à la hauteur des enjeux", a précisé l'ancien animateur TV âgé de 62 ans.
Annonce sans préavis
Nicolas Hulot a déclaré qu'il n'avait pas averti à l'avance de sa décision le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Edouard Philippe. "Je sais que ce n'est pas très protocolaire", a-t-il admis, confiant sa crainte qu'ils cherchent "une fois encore" à le "dissuader" de démissionner.
"J'espère que cette décision qui est lourde, qui me bouleverse, qui mûrit depuis de longs mois ne profitera pas à des joutes ou à des récupérations politiciennes", a-t-il encore ajouté.
Macron "respecte" sa décision
Après une première réaction officielle de l'Elysée durant la matinée, Emmanuel Macron a dit dans l'après-midi "respecter" la décision de Nicolas Hulot. Le ministre de la Transition écologique "est un homme libre, je respecte sa liberté", a-t-il déclaré depuis Copenhague. Le président français espère désormais pouvoir compter sur l'engagement de Nicolas Hulot, "sous une autre forme".
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a lui rapidement réagi sur BFM TV. "Je regrette son départ", a-t-il déclaré. "Je regrette surtout qu'on ne puisse pas mettre en valeur tout ce qu'il a accompli pendant les 14 mois qui se sont écoulés depuis son entrée au gouvernement."
Recomposition du gouvernement
Sur l'effet de surprise causé par l'annonce, Benjamin Griveaux a déploré que Nicolas Hulot n'ait averti personne: "C'est sa manière de faire. Je pense que la plus élémentaire des courtoisies aurait été effectivement de prévenir le président de la République et le Premier ministre", a-t-il dit.
Edouard Philippe a de son côté annoncé qu'il ferait des suggestions dans les prochains jours concernant la composition de son gouvernement.
Recrue majeure d'Emmanuel Macron
Courtisé de longue date par le pouvoir politique, Nicolas Hulot a été une des recrues majeures du président Emmanuel Macron lors de la formation de son gouvernement, alimentant de nombreux espoirs.
Mais si l'ancien militant a enregistré des victoires comme l'abandon de la construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes dans l'ouest du pays, il a aussi connu des déceptions et a été contraint de faire des compromis.
Il avait notamment dû endosser le report de l'objectif consistant à ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% en 2025, ou l'entrée en vigueur provisoire de l'accord de libre échange UE-Canada (Ceta).
>>Lire aussi: Nicolas Hulot, l'aventurier vedette de la TV française devenu ministre
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Les réactions
Laurent Wauquiez, président des Républicains: "Cette démission est le reflet des conséquences des ambiguïtés des politiques de Macron (...) Je pense que cette démission est le reflet d’une rentrée très difficile pour Emmanuel Macron (...) Je peux comprendre qu'il se sente trahi,
comme aujourd'hui pas mal de Français, par des promesses fortes qui avaient été faites et le sentiment qu'à l’arrivée elles ne sont pas tenues."
Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste: "Ne plus mentir, ne plus se mentir. Nicolas Hulot nous parle d’une trahison. Celle d’un pouvoir qui a abandonné toute référence au progressisme et à l’écologie. Les masques sont tombés un à un. À la gauche de relever le drapeau d’un nouveau modèle de développement."
Alain Juppé, maire de Bordeaux et ex-Premier ministre: "Je suis impressionné par sa hauteur de vue et la noblesse de sa démarche. J’espère qu’au-delà du buzz politique inévitable, cette décision nous incitera tous à réfléchir et à changer."
Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise: "La démission de Nicolas Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron. Il confirme le diagnostic de mon discours de samedi. La macronie commence sa décomposition."