Arrivé au pouvoir le 1er juin, le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez avait immédiatement fait un coup d'éclat en Europe en ouvrant le port de Valence à l'Aquarius, bateau humanitaire avec 630 migrants à son bord, que l'Italie et Malte refusaient d'accueillir.
Dans le même temps, le gouvernement annonçait son intention de faciliter l'accès des sans-papiers à la santé publique et de retirer les barbelés des clôtures des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, sur lesquels se blessent régulièrement les migrants tentant d'y pénétrer depuis le Maroc.
Au final, l'Espagne a déjà accueilli près de 30'000 migrants depuis le début de l'année, selon l'OIM, soit plus du double que l'an dernier à la même époque. Certains sont entrés dans le pays via les deux enclaves et d'autres ont traversé en bateau, souvent à la rame, les 14 km qui séparent l'Afrique de l'Espagne, arrivant pour beaucoup dans la ville de Tarifa.
Revirement dans la politique du gouvernement
Mais cette politique d'ouverture a aussi été vertement critiquée par l'opposition de droite qui accusait les socialistes de créer un "appel d'air" pour l'immigration illégale et de favoriser "les mafias" de passeurs. Le gouvernement envoie désormais des signaux de prudence au niveau de sa politique migratoire.
Après l'Aquarius, un autre bateau, de l'ONG Open Arms cette fois, a ainsi accosté trois fois dans des ports espagnols avant que le gouvernement ne rechigne mi-août à accueillir de nouveau l'Aquarius, préférant négocier avec d'autres États européens la répartition de ses migrants finalement débarqués à Malte.
Fin août, une centaine de migrants ont aussi été renvoyés vers le Maroc au lendemain de leur entrée à Ceuta lors d'un passage en force de la clôture particulièrement violent, le deuxième en moins d'un mois.
Si Madrid dit vouloir seulement "le respect des droits de l'homme et la sécurité des frontières", ce revirement a été applaudi par la droite, alors que la gauche et les ONG ont vivement critiqué le gouvernement. La semaine passée, la figure de proue de la défense des migrants a même dénoncé une "politique raciste et colonialiste" et "un tournant terrible" de Pedro Sanchez.
afp/boi