Si plusieurs ouvrages peu flatteurs pour le 45e président des Etats-Unis ont déjà été publiés, le sérieux et la réputation de Bob Woodward, célèbre à travers le monde pour avoir révélé le scandale du Watergate, qui a contraint Richard Nixon à la démission en 1974, donnent à celui-ci un écho particulier.
Trump, "un écolier de 10 ans"
Les extraits du livre publiés par plusieurs médias américains renvoient l'image, déjà décrite par d'autres, d'une Maison Blanche dysfonctionnelle, dont les acteurs n'ont que peu d'estime pour le président américain. Ces extraits relatent les efforts déployés par ses collaborateurs afin de le contrôler et d'éviter les pires dérapages.
A l'issue d'une rencontre entre Donald Trump et son équipe de sécurité nationale à propos de la présence militaire sur la péninsule coréenne, le ministre de la Défense, James Mattis, particulièrement exaspéré, aurait dit à des proches que le président se comportait comme un "élève de CM2 ou de 6e" (10 à 11 ans, ndlr).
"Tuons Bachar, bordel!"
Après l'attaque chimique d'avril 2017 attribuée au régime de Bachar al-Assad, le président Trump aurait appelé le général Mattis et lui aurait dit qu'il souhaitait assassiner le président syrien.
"Tuons-le bordel! Allons-y! On leur rentre dedans et on les bute", aurait-il déclaré. Après avoir raccroché, James Mattis se serait tourné vers un conseiller et aurait dit: "Nous n'allons rien faire de tout cela. Nous allons être beaucoup plus mesurés."
Un étonnant dialogue
L'auteur affirme avoir cherché, sans succès, à interroger Donald Trump pour ce livre. Il précise que le locataire de la Maison Blanche l'a appelé à la mi-août, alors que le manuscrit était terminé.
Le Washington Post publie l'enregistrement de la conversation entre les deux hommes, au cours de laquelle le président Trump affirme que personne ne lui a fait passer le message du journaliste et assure qu'il aurait "adoré lui parler".
"Vous savez que je fais un travail extraordinaire pour le pays (...) Vous comprenez tout cela? Enfin, j'espère", lance-t-il au milieu de cet étonnant dialogue où le président américain donne, par moments, l'impression d'être résigné.
ats/dsr
Des subterfuges "au nom de la sécurité nationale"
Dans son livre "Fear", Bob Woodward relate par le menu les subterfuges utilisés par l'entourage du président américain pour éviter qu'il ne prenne des décisions à l'emporte-pièce. Selon l'ouvrage explosif, son ancien conseiller économique Gary Cohn a ainsi "volé une lettre qui se trouvait sur le bureau de M. Trump" que le président avait l'intention de signer et qui visait à officiellement retirer les Etats-Unis d'un accord commercial avec la Corée du Sud.
Gary Cohn a ensuite expliqué à un proche qu'il l'avait fait au nom de la sécurité nationale et que le magnat de l'immobilier n'avait jamais remarqué qu'elle était manquante.
La réaction de Donald Trump
"C'est juste un autre mauvais livre", a réagi Donald Trump dans un entretien au Daily Caller. Le président américain a dénoncé des histoires colportées par d'anciens membres de son équipe mécontents ou "tout simplement inventées par l'auteur".
"Woodward est-il un agent démocrate? Vous avez noté le calendrier", a-t-il tweeté un peu plus tard, évoquant l'approche des élections législatives du 6 novembre, à l'issue desquelles les républicains redoutent de perdre la Chambre des représentants.
The Woodward book has already been refuted and discredited by General (Secretary of Defense) James Mattis and General (Chief of Staff) John Kelly. Their quotes were made up frauds, a con on the public. Likewise other stories and quotes. Woodward is a Dem operative? Notice timing?
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 4 septembre 2018