Après les dénonciations aux Nations unies et les vives inquiétudes exprimées par de nombreux gouvernements, dont le Conseil fédéral, Human Rights Watch publie lundi un nouveau rapport à ce sujet (lire encadré).
Selon les dernières estimations de l’ONU et de Human Rights Watch, environ un million de turcophones pourraient être détenus dans ces camps. Le département d’Etat américain, de son côté, évoque des millions d’individus forcés de renoncer à leur culture, leur religion et leur langue.
Pékin nie l’existence de tels camps, mais ne cache pas ses efforts pour lutter contre le terrorisme et le séparatisme.
Le correspondant de RTSinfo en Chine Michael Peuker a pu se rendre en reportage il y a quelques jours dans la province du Xinjiang. Il y a trouvé une zone sous très haute surveillance où, dans les minorités turcophones, la peur est omniprésente.
Michael Peuker a subi lui-même diverses entraves de la part des autorités chinoises dans le Xinjiang. Il explique avoir été "pisté" et "escorté" durant son voyage en compagnie d'un collègue de SRF. "On nous a contraints à effacer une partie des images. Le manager de l'hôtel dans lequel on logeait nous a délogés, jetés dans la rue, en suivant des ordres venus d'en haut", a-t-il raconté dimanche dans Forum.
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Contraintes et abus
L'organisation Human Rights Watch a documenté des dizaines de nouveaux témoignages de maltraitances physiques et psychologiques dans les centres situés dans cette province frontalière avec l'Asie centrale.
"Des ex-détenus ont décrit une discipline militaire, des études forcées de mandarin, des cérémonies d’allégeance au parti sous la contrainte", raconte la directrice de recherche sur la Chine pour l'ONG interviewée par la RTS. "Mais ils décrivent aussi nombre d’abus physiques et certains ont même déclaré avoir trouvé cette épreuve tellement dégradante qu’ils ont considéré le suicide", poursuit Sophie Richardson.
Les autorités chinoises ne sont pas imperméables à la pression, et c'est pourquoi l'ONG de défense des droits humains compte sur l'engagement des pays soucieux de ces droits ainsi que de l'ONU afin d'obtenir la fermeture de ces camps.
Du jamais vu depuis des décennies
"On verra si les gouvernements qui prétendent attacher de l’importance à la question des droits humains en Chine font preuve d’unité et sont capables de faire preuve du courage nécessaire pour soutenir des individus victimes d’énormes violations des droits de l’homme", souligne Sophie Richardson. "On parle ici d’un phénomène d’une échelle incomparable en Chine depuis des décennies."