Vendredi, la ville entière est invitée à respecter une minute de silence à 11h36, puis à se réunir à 17h30 pour rendre hommage aux 43 morts et aux dizaines de blessés.
"Ce jour-là, j'étais chez moi, je dormais, car je travaille de nuit. A 11h36 (...) j'ai entendu un très grand bruit. Je n'aurais jamais pensé que cela puisse être le pont. Il y avait de l'orage, j'ai pensé à un coup de tonnerre ou peut-être à un tremblement de terre", se souvient Giovanni Genco.
"Zone rouge"
Avec sa femme, sa fille de 16 ans et ses beaux-parents, il fait partie des plus de 500 évacués de la "zone rouge", située sous ce qui reste du pont et condamnée par les opérations de destruction prévues.
Selon une des bénévoles qui vient les aider, l'ambiance d'abord à à "l'incrédulité vire au désespoir. Maintenant je pense que commence à percer un peu de colère, et une grande fatigue". Elle qui a perdu deux membres de sa famille dans la tragédie ne veut plus rester chez elle: "Le bruit (du chantier) résonne terriblement". "Ici, rien ne sera plus comme avant", dit-elle.
Plan de circulation revu
Mais au-delà des habitants directement concernés, c'est toute la ville qui est touchée par le deuil et la perte de cette artère stratégique.
La construction d'un nouveau pont - vraisemblablement selon le plan dessiné par le célèbre architecte gênois Renzo Piano - doit débuter dans les prochains mois (lire encadré).
En attendant, la circulation a été complètement réorganisée. Quelques bouchons se forment aux heures de pointe mais le spectre d'une ville complètement bloquée a été évité. En revanche, une partie de Gênes est comme séparée du reste, obligeant à d'importants détours.
Impact économique
Outre certaines entreprises, l'aquarium de Gênes, le plus grand d'Europe, a vu sa fréquentation s'effondrer de 50% la deuxième quinzaine d'août, au plus fort de la saison, explique son directeur, Giorgio Bertolina. Mais les visiteurs commencent à revenir. "Sur certains axes, l'allègement du trafic commercial, avec l'interdiction de circuler la journée pour les camions en ce moment, facilite même l'accès au centre", note-t-il.
Tout en soulignant que la ville, en "deuil", ne peut pas oublier le drame, Giorgio Bertolina estime que Gênes "doit regarder vers l'avenir" et bâtir sur cette tragédie pour se relancer.
afp/jgal
Sujet traité dans le Journal horaire 09h00
Un décret mais pas de "commissaire extraordinaire"
Le gouvernement italien a approuvé jeudi soir un décret-loi visant à accélérer la reconstruction du pont autoroutier qui s'est effondré le 14 août dernier à Gênes. Mais, signe des tiraillements au sein de la coalition au pouvoir, le gouvernement n'a pas désigné le commissaire extraordinaire qui sera chargé de superviser la reconstruction.
Ce "Decreto Emergenze" comprend aussi des mesures de soutien aux entreprises et aux habitants affectés par la catastrophe du pont Morandi. Des allègements d'impôts seront accordés aux entreprises tandis que les 250 familles dont les maisons sont aujourd'hui inhabitables disposeront de garanties sur leurs crédits logements.
Lors d'une conférence de presse, le président du Conseil, Giuseppe Conte, a précisé que le futur commissaire spécial disposerait d'"amples pouvoirs pour avancer et pour décider, pour permettre à Gênes d'avoir un pont plus beau, un pont tout neuf". Il a précisé qu'aucun candidat n'avait encore été nommé.