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Le tsunami qui a frappé l'île de Célèbes, un désastre mal anticipé

Un jouet endommagé sur une plage proche de Palu, sur l'île de Célèbes. [Keystone - EPA/Mast Irham]
Un jouet endommagé sur une plage proche de Palu, sur l'île de Célèbes. - [Keystone - EPA/Mast Irham]
Alerte levée trop tôt, absence de capteurs et manque de préparation: trois jours après le séisme et le tsunami qui ont frappé l'île de Célèbes, des voix dénoncent les dysfonctionnements en Indonésie.

L'ONU estime que 191'000 personnes ont besoin d'une aide humanitaire après la catastrophe qui a frappé l'île de Célèbes. Un dernier bilan, annoncé lundi à la mi-journée par le porte-parole de l'agence de gestion des catastrophes, faisait état d'au moins 844 morts et 48'000 déplacés. Mais pourquoi un tel drame n'a-t-il pas pu être évité?

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Cafouillage sur l'alerte au tsunami

Une alerte au tsunami a été déclarée après le séisme de magnitude 7,5 qui a frappé l'île de Célèbes vendredi peu avant 13h. Elle a été levée 34 minutes plus tard, comme en atteste un tweet de l'Agence géophysique indonésienne (BMKG) largement relayé.

"Cette décision a été prise sur la base des données à notre disposition selon la procédure standard", a expliqué samedi à Reuters le responsable de l'Institut, Rahmat Triyono, alors que la polémique enflait autour de "l'alerte levée avant que la vague n'arrive". Une rumeur démentie par les autorités indonésiennes qui assurent que les vagues ont déferlé près de Palu avant la publication du message.

Cette chronologie est difficile à vérifier, l'agence BMKG ayant fait état du tsunami trois heures après la fin officielle de l'alerte, précise franceinfo.

Vague sous-estimée

Mais c'est surtout autour de l'ampleur des vagues que la confusion a régné. L'Agence géophysique a pris sa décision sur la base des données fournies par le sismomètre le plus proche de Palu... à 200 kilomètres. Selon Rahmat Triyono, celui-ci indiquait une oscillation "insignifiante" de 6 centimètres.

Le séisme a eu lieu à 80 km des côtes et 10 km de profondeur. [Keystone - EPA/USGS]
Le séisme a eu lieu à 80 km des côtes et 10 km de profondeur. [Keystone - EPA/USGS]

On est loin de la vague d'"une hauteur maximale de 1,5 mètre" annoncée un peu plus tard par l'Agence de géophysique indonésienne. Des témoignages et des vidéos évoquent eux des lames de 6 mètres qui ont dévasté en quelques minutes la ville de Palu, située au fond d'une baie.

Glissement de terrain sous-marin?

Pour les spécialistes, les caractéristiques du séisme ne laissaient toutefois pas présager d'un tel tsunami. "Il s'agit d'un séisme en décrochement: les deux croûtes vont glisser horizontalement l'une par rapport à l'autre et, dans ce cas de figure, on ne s'attend pas à de grosses vagues", explique à la RTS Guy Simpson, géologue à l'Université de Genève.

"On peut imaginer que le tsunami a été provoqué par un glissement de terrain sous-marin", indique-t-il.

Manque de préparation

Mais au-delà des causes, les médias indonésiens constataient lundi la méconnaissance des mesures basiques de survie parmi la population, malgré les campagnes de prévention menées par le gouvernement. Le dernier tsunami sur l'île de Célèbes, pourtant la plus exposée au monde au risque de raz-de-marée, a frappé en 1990, rappelle par exemple le Jakarta Post.

Depuis, rappelle le journal, des erreurs d'urbanisme ont été commises, des écoles et des immeubles réalisés tout près des côtes, malgré le risque. Et c'est peut-être ça que les Indonésiens auront le plus de mal à pardonner.

jgal avec agences

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