Le peuple colombien avait rejeté l'accord de paix à 50,21% des voix lors d'un référendum le 2 octobre 2016. Le traité avait alors été remanié et signé en novembre par le président Juan Manuel Santos et le chef des FARC Rodrigo Londono.
>> Lire aussi : Gouvernement et FARC signent le nouvel accord de paix en Colombie
Cet accord historique devait faire baisser le niveau de violence, selon ses partisans. Aujourd'hui, les Colombiens déchantent face à la difficulté de mettre en oeuvre cette paix, et d'en ressentir les effets.
Un assassinat tous les trois jours
Pas moins de 123 défenseurs des droits humains, dirigeants sociaux, défenseurs du droit à l’environnement et membres d’organisations communautaires autochtones ont été assassinés durant les six premiers mois 2018, décompte l'Institut d'études pour le désarmement et la Paix (Indepaz).
Ce chiffre monte à 311 depuis la signature de l'accord de paix, selon Carlos Negrete, "Défenseur du Peuple" en Colombie, soit en moyenne un meurtre tous les trois jours.
Parmi ces victimes, il y a Ana Maria Cortes, coordinatrice locale pour le candidat à la présidentielle Gustavo Petro, assassinée au moins de juillet dans son village, par ce qui semble être des membres d'un groupe mafieux.
Phénomène en augmentation
Ces assassinats politiques ne sont pas nouveaux. Ils étaient cependant "moins visibles à cause du bruit des fusils", explique sur La Première le prêtre et défenseur des droits de l'homme Henry Ramirez Soler, venu témoigner mardi passé au Conseil des droits de l’homme de l'ONU à Genève. Pour lui, la fin du conflit armé a permis de les mettre en lumière.
Mais le phénomène s'est également accentué avec l'arrivée de nouveaux groupes mafieux, venus occuper la place laissée libre par les FARC.
Inquiétude depuis l'arrivée d'Ivan Duque
L'ascension au pouvoir en août dernier du président conservateur Ivan Duque fait craindre à Henry Ramirez Soler une aggravation de la situation.
>> Lire aussi : Ivan Duque a été officiellement investi président de Colombie
"Il y a quelques jours, le ministre de la défense affirmait que les protestations sociales étaient financées par des groupes illégaux et par le trafic de drogue. Les groupes hors-la-loi se sentent ainsi légitimes à agir contre les défenseurs des droits de l’homme et les leaders sociaux, faisant augmenter les risques d'assassinats", explique le prêtre colombien.
Deux ans après la signature d'un accord mettant fin à plus de 52 ans d'insurrection, les Colombiens n'ont pas encore trouvé la paix. En juillet passé, une quarantaine d'ONG avaient appelé la Suisse à intervenir pour faire cesser les assassinats de défenseurs des droits humains en Colombie.
>> Lire aussi : Des ONG appellent Berne à intervenir contre les violences en Colombie
Anouk Henry / Mouna Hussain