Le journaliste français a publié ce printemps un livre au titre péremptoire: "Le grand secret d'Israël: Pourquoi il n'y aura pas d'Etat palestinien". Selon lui, les espoirs diplomatiques s'opposent diamétralement à la réalité politique et territoriale, qui voit les colonies israéliennes s'étendre de plus en plus.
"Démographiquement, Israël est en train de prendre le dessus. Son taux de natalité extrêmement fort va lui permettre d'annexer la Cisjordanie et de faire un seul Etat entre la mer et le Jourdain", analyse Stéphane Amar dans l'émission Géopolitis.
"Lors de mon arrivée à Jérusalem en 2003, environ 400'000 Israéliens vivaient de l'autre côté de la ligne verte, en Cisjordanie et à Gaza. Ils sont aujourd'hui près de 650'000 rien qu'en Cisjordanie. C'est 10% de la population israélienne, un chiffre considérable", détaille-t-il.
Les colonies ne sont pas placées au hasard mais sur des axes stratégiques.
Dans ce contexte, la création d'un Etat palestinien est devenue difficile, de l'avis de Stéphane Amar: "Les colonies ne sont pas placées au hasard mais sur des axes stratégiques dans le but de couper les continuités territoriales palestiniennes. Et plus elles se développent, plus un partage du territoire devient compliqué, sinon impossible".
L'appui de Donald Trump
L'autre bouleversement, c'est l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis. Le président américain s'est récemment dit favorable à une solution à deux Etats pour régler le conflit israélo-palestinien.
Pourtant, "il a clairement pris le parti d'Israël" en reconnaissant Jérusalem comme capitale et en coupant l'aide humanitaire aux Palestiniens, rappelle Stéphane Amar.
Le Hamas contre l'OLP
Le dernier obstacle à la création d'un Etat palestinien, c'est la division des Palestiniens eux-mêmes, explique l'auteur: "Il y a d'un côté Gaza, avec le Hamas, et de l'autre la Cisjordanie avec l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Mahmoud Abbas".
Plus qu'une séparation politique, ce sont deux visions du monde qui s'affrontent. A Gaza, la société est de plus en plus hostile à Israël et à l'Occident tandis qu'en Cisjordanie, elle s'occidentalise et s'ouvre sur l'extérieur.
Les Palestiniens ont compris pour la plupart que la colonisation était allée trop loin.
"Même si le nationalisme reste fort, il y a là un divorce inéluctable et fatal à la cause palestinienne", note Stéphane Amar. Et le journaliste de préciser que les Palestiniens eux-mêmes commencent à se résigner: "Ils ont compris pour la plupart que la colonisation était allée trop loin et qu'il n'y aura jamais d'Etat palestinien".
Kevin Gertsch
>> Lire: Stéphane Amar, "Le grand secret d'Israël: Pourquoi il n'y aura pas d'Etat palestinien", Editions de l’Observatoire, 2018