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Face à la menace démographique, les pays africains en ordre de bataille

En 2050, l'Afrique représentera un quart de la population mondiale et la moitié de ses habitants aura moins de 25 ans. Face au spectre de la misère et d'une jeunesse sans avenir, plusieurs Etats ont lancé une "révolution contraceptive".

Le Rwanda a fait figure de pionnier en matière de planning familial. Un programme de sensibilisation a été mis en place dès 2007 pour convaincre la population et, aujourd'hui encore, le gouvernement fait de la baisse du taux de fécondité une "top priorité" pour assurer au pays une croissance économique à la hauteur de ses désirs.

>> Voir le reportage du 19h30 sur place :

Le Rwanda fait figure de modèle pour le contrôle démographique. Le nombre d'enfants par femme a diminué de 20% en 10 ans.
Le Rwanda fait figure de modèle pour le contrôle démographique. Le nombre d'enfants par femme a diminué de 20% en 10 ans. / 19h30 / 2 min. / le 2 octobre 2018

Grâce aux campagnes menées, la moitié des femmes en couple recourt à des contraceptifs contre 10% il y a dix ans. Le taux de fécondité a lui diminué de 20%, à 4,2 enfants par femme. C'est moins que la moyenne africaine qui est de 4,7.

Des régions entières d'Afrique de l'Ouest se distinguent par un taux de fécondité particulièrement élevé. Le Niger, l'un des pays les plus pauvres au monde, compte ainsi 7,4 enfants par femme et le Nigeria 5,7.

"Si nous ne réduisons pas la taille de nos familles, notre pays continuera à souffrir de la pauvreté parce que les ressources disponibles ne pourront plus couvrir nos besoins", avait d'ailleurs déclaré l'ex-président nigérian Jonathan Goodluck qui brisait alors un tabou.

Développement "viable et durable"

Son pays, parmi les quinze autres membres de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), participe ainsi à un programme pour limiter à trois le nombre d'enfants par femmes d'ici 2030. L'objectif affiché? Faciliter le déclin rapide, volontaire, de la fécondité grâce à l'accès universel à la planification familiale, l'augmentation du niveau d'éducation des femmes et le renforcement des efforts pour améliorer la survie de l'enfant.

Au-delà, le but est de promouvoir un réel développement viable et durable, expliquait en 2017 le président du Parlement burkinabè Salifou Diallo à france24.

2,5 milliards d'Africains en 2050

Avec un taux de fécondité général de 5,6 enfants par femme, la population de l'espace Cédéao se situera, en 2050, autour d'un milliard d'habitants.

A cette échéance, l'ensemble du continent hébergera le quart de la population mondiale, soit 2,5 milliards de personnes, selon les projections de l'ONU. C'est le double d'aujourd'hui.

>> Les explications d'Annabelle Durand au 19h30 :

Annabelle Durand "Au rythme actuel, la population africaine va passer de 1,25 milliard à 2,5 milliards en 2050."
Annabelle Durand "Au rythme actuel, la population africaine va passer de 1,25 milliard à 2,5 milliards en 2050." / 19h30 / 1 min. / le 2 octobre 2018

Réticences idéologiques

Car il n'y a pas que de bons élèves. Certains Etats minés par des conflits n'ont aucune politique familiale. D'autres refusent de regarder le phénomène en face, pour des raisons religieuses ou idéologiques.

Fin septembre, la Tanzanie a par exemple décidé de suspendre des programmes radio et télévisés d'information sur le planning familial, financés par les Etats-Unis.

Les efforts qui se mettent en place ces dernières années ne suffiront donc pas à éviter complètement l'explosion démographique.

Transition démographique

Au Rwanda, le nombre d'enfants par femme diminuera bel et bien d'ici 2050, passant de 4,2 à 2,21. Mais dans le même temps, l'espérance de vie augmentera de 59 à 75 ans. Conséquence: la population de ce petit pays déjà très dense, avec 450 habitants par kilomètre carré, doublera.

Cette phase dite de transition démographique, désigne le passage d'un régime traditionnel où la fécondité et la mortalité sont élevées et s'équilibrent à peu près, à un régime où la natalité et la mortalité sont faibles et s'équilibrent également.

Juliette Galeazzi avec Annabelle Durand

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Les Africains vont-ils se ruer vers l'Europe? La question qui divise

Avec une population très jeune que guette le chômage, la croissance démographique africaine pourrait avoir un impact majeur sur les migrations. C'est en tous les cas ce que redoutent ceux qui, comme l'ancien journaliste Stephen Smith, auteur en 2018 de "La Ruée vers l'Europe - La jeune Afrique en route vers le Vieux continent", craignent une africanisation de l'Europe.

La thèse est simple: en l'absence d'emplois dans leur pays, les jeunes Africains monteront dans des bateaux pour rallier l'Europe. Dans son essai, Stephen Smith fait également la thèse que le développement économique du continent alimente les migrations.

A cette théorie du grand remplacement, chère aux gouvernements populistes, scientifiques et démographes rappellent quelques chiffres: 70% des migrants ne traversent pas la Méditerranée et 15% d'entre eux se déplacent vers des pays du Golfe et l'Amérique du Nord.