"C'est une époque vraiment terrifiante pour les jeunes hommes en Amérique", lançait mardi Donald Trump devant les médias. "Vous pouvez être coupable de quelque chose dont vous n'êtes pas coupable."
Avec une telle déclaration, le président américain renouvelle non seulement son soutien à Brett Kavanaugh, candidat à la Cour suprême accusé par une femme de tentative d'agression sexuelle dans les années 1980.
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Mais il participe également à la contre-attaque des républicains dans cette affaire, et plus globalement face au mouvement #MeToo. Car selon les conservateurs, l'homme blanc est désormais une victime à laquelle on refuse la présomption d'innocence. Un argument déployé massivement depuis l'audition du magistrat jeudi dernier devant la commission judiciaire du Sénat américain.
Les républicains craignent pour leurs frères et pères
"Ma famille et ma réputation ont été détruites à jamais", affirmait alors avec véhémence Brett Kavanaugh, se posant en victime.
Je suis un homme blanc et célibataire et on me dit de me la fermer!
"Je suis un homme blanc et célibataire de Caroline du Sud et on me dit de me la fermer. Mais je ne vais pas me la fermer si c'est OK", déclarait de son côté le sénateur Lindsey Graham, un des plus fervents soutiens du juge conservateur.
Alors que le mouvement #MeToo prie les citoyens de croire leurs soeurs, leurs épouses, leurs filles, les républicains disent craindre pour leurs fils, frères ou pères.
"J'ai des garçons et des filles, et quand je vois ce qui se passe, ça me fait peur", confiait lundi Donald Trump Jr, fils du président et père de cinq enfants, ajoutant que c'est pour ses garçons qu'il s'inquiétait davantage. Une rhétorique également développée par les relais médiatiques du président, telle la chaîne Fox News.
La "male rage" pour attirer des électeurs
Jusqu'à présent, on considérait que le populisme se basait sur les inégalités économiques et les différences ethniques pour gagner des électeurs. L'affaire Kavanaugh met en exergue un nouveau facteur: la haine masculine, ou la "male rage", analyse dans le Financial Times Gideon Rachman.
L'éditorialiste britannique rappelle que les politiciens de la droite dure américaine ne sont pas les seuls à user de ce discours pour séduire. Et de citer les déclarations misogynes du président philippin Rodrigo Duterte, du candidat à l'élection brésilienne Jair Bolsonaro ou du ministre italien Matteo Salvini. Une rhétorique qui aurait pour but d'envoyer un appel aux électeurs masculins qui se sentiraient menacés face à une éventuelle perte de pouvoir et de statut.
Pourquoi cette réaction de la part de certains hommes? Pour Martha Nussbaum, professeur de droit et de philosophie à l'Université de Chicago, plusieurs émotions jouent un rôle dans cette attitude. Dont la colère envers ces femmes qui portent des accusations à l'encontre de puissants, un bastion masculin avant #MeToo, écrit dans le Washington Post la chercheuse. Ainsi que la jalousie face aux politiques de discrimination positive et à la réussite des femmes.
Ce discours "pro-homme blanc" sera-t-il payant dans les urnes? Aux Etats-Unis, le prochain test est prévu dans cinq semaines avec les élections de mi-mandat.
Tamara Muncanovic