Ces résultats officiels ont été accueillis avec une grande déception par les partisans de Bolsonaro, qui a vu s'évanouir ses chances d’être élu dès le 1er tour. Ex-capitaine de l’armée, Jair Bolsonaro est devenu un phénomène électoral depuis qu’il a frôlé la mort dans un attentat le 6 septembre.
Des quartiers chics de Sao Paulo aux favelas de Rio de Janeiro, 147 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes dans ce pays où le vote est obligatoire. Tous ont exprimé l’espoir que ce scrutin apporte le "changement" dans un Brésil rongé par une crise économique et politique et d’innombrables scandales de corruption.
"En plus de cette élection, on a eu une vague de droite et d'extrême droite dans le pays, au Sénat, à la Chambre des députés et dans les élections régionales", note lundi dans La Matinale de la RTS Jamil Chade, correspondant à l'ONU pour le journal brésilien O Estado de Sao Paulo.
Bolsonaro, l'homme de la situation
Pour nombre de Brésiliens, le candidat de l’extrême droite, Jair Bolsonaro, 63 ans, est apparu comme l’homme de la situation. Bolsonaro, qui a cultivé une image d'"outsider" malgré sa longue carrière politique, a aussi prospéré sur un fort sentiment anti-PT, le Parti des travailleurs de l’ex-président de gauche Lula.
Pour Jamil Chade, son score canon s'explique en deux mots: désillusion et haine. "Désillusion en raison de la récession économique dans un pays qui a 13 millions de chômeurs et haine envers la classe politique et sa corruption endémique", souligne le journaliste brésilien basé à Genève.
Front républicain incertain
Jair Bolsonaro affrontera au second tour de cette élection présidentielle, le 28 octobre, Fernando Haddad. C'est sur le candidat du Parti des travailleurs que reposent désormais tous les espoirs de la gauche.
Un front républicain va-t-il se constituer pour faire barrage au candidat de l'extrême droite? Jamil Chade n'en est pas convaicu. A ses yeux, le contexte brésilien est différent de ce qui s'est passé en France en 2017. "Les voix obtenues par le candidat du centre vont être fragmentées entre Bolsonaro et Haddad", avance-t-il.
Quelle que soit l'issue du second tour, le résultat de l'élection laissera un pays "très divisé", indique Jamil Chade, rappelant toutefois que Jair Bolsonaro a prévu, en cas d'accession au pouvoir, de remettre en question "les principes démocratiques" qui prévalent depuis la fin de la dictature au Brésil.
afp/alp/ta