Pas de condamnation lors du premier procès des bébés volés en Espagne

Concrètement, le Tribunal de Madrid a reconnu la culpabilité du gynécologue qui avait volé un bébé à sa mère pour le remettre à des parents stériles en 1969, mais, faute de preuves tangibles, les juges ont déclaré que les faits étaient prescrits.

Le Parquet espagnol avait de son côté requis 11 ans de prison pour l'ex-médecin, le premier à être poursuivi pour ce scandale qui concernerait des milliers de nouveaux-nés soustraits à leur mère et confiés à des familles d'adoption sous la dictature de Francisco Franco.

La plaignante déçue

Plusieurs associations, qui dénoncent depuis des années ces pratiques, se sont dites consternées par le verdict rendu lundi à Madrid. La plaignante Inés Madrigal, la première victime à avoir pu mener son cas devant la justice, s'est aussi exprimée devant les médias pour manifester sa stupéfaction.

Aujourd'hui âgée de 49 ans, celle qui a appris à 18 ans qu'elle avait été adoptée a toutefois reconnu qu'elle s'attendait à un telle décision et a relevé l'importance d'avoir déjà pu asseoir sur le banc des accusés l'ex-médecin. Son avocat a annoncé qu'il ferait appel de cette décision.

Un tabou qui tombe

Le trafic de bébés volés a commencé sous le franquisme (1939-1975) avec l'aide de l'Eglise catholique, à cette époque très proche du régime. Mais il a perduré jusque dans les années 80 pour des raisons économiques.

Des milliers de bébés auraient été soustraits à leurs mères, 30'000 selon l'ancien magistrat Baltasar Garzon, et près de 2000 plaintes ont été déposées devant la justice.

Ce procès est le premier à avoir eu lieu et sans doute pas le dernier, même si le temps est compté: les organisateurs de ce trafic sont à présent très âgés ou, pour certains, déjà décédés.

Diane Cambon/gma avec afp