L'UDC "a donné une image de la Suisse comme pays qui a la tentation de se refermer", estime François Hollande lundi dans une interview accordée au 19h30.
Celui qui a présidé la France entre 2012 et 2017 révèle au passage qu'il a différé son voyage d'Etat en Suisse en 2015, afin d'éviter une présidence de la Confédération exercée par l'UDC, en l'occurrence Ueli Maurer en 2013. "J'ai bien fait", ajoute-t-il, estimant que l'UDC est l'un des partis européens qui joue trop sur la question de l'immigration.
"J'ai fait raisonner les Suisses. Et c'est très difficile"
François Hollande revient aussi sur la guerre fiscale entre les deux pays. Le socialiste de 64 ans nie "avoir fait plier" les Suisses, mais plaisante en revanche: "J'ai fait raisonner les Suisses. Et c'est très difficile."
L'ancien président se félicite de l'équilibre obtenu finalement "par le raisonnement et non par la menace" et affirme que le rapport de la Suisse avec l'Union européenne peut même servir d'exemple pour le Royaume-Uni.
"Angela Merkel si appliquée, si fiable"
Dans son livre, "les Leçons du pouvoir", François Hollande décrit ses rapports avec les autres chefs d'Etat. Il donne à Angela Merkel une place particulière.
"Trump veut détruire les conditions de l'Union européenne"
L'ancien président français désigne en revanche Donald Trump comme un danger majeur pour l'équilibre international. Il ne défend pas seulement les intérêts américains, "il veut détruire les conditions de l'Union européenne", affirme-t-il.
"Poutine cultive des liens avec toutes les extrêmes-droites en Europe"
Quant à Vladimir Poutine, il tente de son côté "un retour de puissance soviétique sans l'idéologie", estime François Hollande, qui dénonce aussi ses liens avec l'extrême droite partout en Europe.
"J'ai pris conscience devant mon bureau vide à l'Elysée"
L'auteur des "Leçons du pouvoir" se confie en outre sur ses premiers moments de Président, plus de cinq ans après, et sur le poids de la responsabilité sur un homme seul dans un système aussi hiérarchisé que la Ve République.
"Aujourd'hui, les dirigeants sont sous une critique permanente"
Beaucoup attaqué pendant son quinquennat, François Hollande estime que les dirigeants d'aujourd'hui sont soumis, plus que dans le passé, à un bombardements permanents de critiques, du fait des réseaux sociaux. Il y voit un danger pour la démocratie.
François Hollande sera présent en Suisse mercredi 10 octobre, à l'invitation du Salon Communica à Genève.
"Notre société devient sans humour"
L'humour, "sel de la vie", a accompagné François Hollande lors de sa présidence, dit-il, y compris dans les moments les plus durs comme les attentats contre Charlie Hebdo. François Hollande évoque ses liens fort avec les dessinateurs du journal et confie son inquiétude devant le recul de l'humour.
>> L'interview intégrale sera diffusée ce dimanche dans l'émission Pardonnez-moi
dr/boi
La tentation du retour? "Y penser parfois, mais ne surtout pas le dire"
Invité à Genève au salon "Communica", François Hollande évoque la tentation du retour: "On peut y penser parfois, mais il ne faut surtout pas le dire."
"Le quinquennat, ça crée beaucoup d'anciens présidents", dit l'ancien président qui affirme préférer susciter un désir.
"Si je venais voir mes compatriotes avec cette idée obsédante du retour, ils ne me regarderaient pas de la même manière. Je préfère qu'ils me disent: on vous regrette, quand est-ce que vous revenez ? Plutôt que ce soit moi qui leur dise: j'arrive!"